Etrange Affaire Angélica (L')

A 102 ans, le grand réalisateur portugais nous fait le cadeau de poursuivre sa livraison annuelle; son dernier opus affiche une fraîcheur et une vigueur étonnantes.

La trajectoire d’un jeune photographe juif passionné par une approche naturaliste des métiers de la terre tels que les pratiquaient les anciens va bifurquer définitivement lors d’une nuit noire et pluvieuse. Appelé en urgence par une riche famille de la région de Porto, il est investi d’une étrange mission: faire le dernier portrait de leur fille Angélica, décédée juste après son mariage. Quand il la photographie, la jeune morte semble reprendre vie et lui sourire… sa présence ne le quittera plus.

A partir de cet événement fondateur le personnage du photographe sort littéralement du cadre, son regard change, son attention au monde et même son sommeil s’en trouvent modifiés. La silhouette fantomatique d’Angélica va devenir de plus en plus prégnante jusqu’à l’emporter. Sereine et poétique, l’approche de la mort se fait légère.

Le film se termine sur les volets que l’on ferme et la nuit obscure. Mais réalisme et surnaturel cohabitent, le voyage en rêve continue, la beauté et la vie demeurent. Angélica, la belle morte n’est-elle pas plus vivante que les vivants!

Jusqu’à quand et jusqu’où Manoel De Oliveira va-t-il continuer à nous emmener? Il y a de la grâce dans les instants passés en sa compagnie, le temps est comme suspendu, habité par les vibrations du piano de Maria Joao Pires.