Armadillo

Prix (parfaitement justifié) de la Semaine de la Critique, ARMADILLO est un documentaire exceptionnel - et inquiétant - sur la situation militaire en Afghanistan. La caméra du cinéaste Janus Metz a pu suivre pas à pas Mads et Daniel, deux jeunes soldats danois qui, laissant derrière eux familles et patrie, partent pour six mois à Armadillo, dans une province afghane. Ils sont là pour aider et protéger les habitants de la région, mais les combats se font de plus en plus violents, les talibans sont tout proches, bien armés, et la population locale constamment prise entre deux feux. La peur est quotidienne, l’horreur aussi, il y aura des blessés et des morts au sein de la section danoise. Mads et Daniel vont devenir de plus en plus cyniques, creusant le fossé entre eux et la société afghane, proche ou lointaine. Ils ne rentreront pas totalement indemnes chez eux, marqués par ce qu’ils ont vu et vécu: leur vision du monde aura changé.

Ce documentaire sort tout à fait des sentiers battus. L’autorisation de tourner librement obtenue par le cinéaste - impensable de la part des autorités militaires américaines ou britanniques - lui a permis de suivre quotidiennement les interventions des soldats sur le terrain, certains portant eux-mêmes des mini-caméras sur leurs casques. ARMADILLO se situe - faut-il le dire - bien loin et bien au-dessus des films de guerre ou autres stéréotypes hollywoodiens du genre.

Ce long métrage suscite actuellement un vif débat politique au Danemark - une enquête interne est même demandée -, certaines séquences laissant entendre que des talibans auraient été liquidés. Reste bien sûr posée, au-delà du film et des réactions qu’il provoque, la question de savoir comment instaurer paix et démocratie dans ce pays…