Critique
Ramené dans l’actualité par Wim Wenders, le groupe de musiciens cubains Buena Vista Social Club a fait naître des envies. D’autres ont roulé leur bosse sur les scènes des années 60 et laissé une marque indélébile alors qu’on a oublié leurs noms. Le reggae participe de cette évolution. Mais avant lui, c’est le rocksteady, son géniteur, qu’il faut rappeler. Stascha Bader, écrivain et réalisateur suisse, spécialisé dans les documentaires musicaux, a pris le sujet en main. Il promène une caméra très attentive à travers le passé et le présent jamaïcain, pour illustrer l’âge d’or du pays et de sa musique.
Stranger Cole, maigre comme un chat, le sourire généreux, raconte comment il a été lancé dans la chanson en mangeant une glace… Au début des années 60, le ska faisait danser des Jamaïcains heureux. Trop vite? Peut-être, car on a voulu freiner le mouvement. C’est ce qui a donné le rocksteady dont les grands noms sont justement Stranger Cole, mais aussi Marcia Griffiths, Hopeton Lewis, Judy Mowatt, Ken Boothe et tant d’autres, associés à Bob Marley. Le film est une longue balade musicale à travers les succès du groupe, dont By the Rivers of Babylon est encore dans toutes les mémoires. Sympathique, chaleureuse, cette balade ponctuée de belles images d’archives laisse un goût de bonheur dont on ne se fatigue pas.
Geneviève Praplan
