Rabia

Affiche Rabia
Réalisé par Sebastián Cordero
Pays de production Espagne, Mexique, Colombie
Année 2009
Durée
Musique Lucio Godoy
Genre Thriller
Distributeur Haut et Court
Acteurs Icíar Bollaín, Gustavo Sanchez Parra, Martina García, Concha Velasco, Xabier Elorriaga
N° cinéfeuilles 615
Bande annonce (Allociné)

Critique

Rosa (Martina Garcia) et José-Maria (Gustavo Sanchez Parra), tous les deux immigrés sud-américains à Madrid, vivent une histoire d’amour. Ils ont le privilège d’avoir trouvé un emploi. Elle est employée de maison dans une famille bourgeoise, tandis que lui travaille dans une entreprise. Les choses vont rapidement se gâter quand, à la suite d’une dispute, il tue accidentellement son chef de chantier. En fuite, il se réfugie, à l’insu de Rosa, dans le galetas de la grande maison où elle travaille.

Voilà pour le fil rouge d’un film qui va bien au-delà d’une histoire d’amour contrarié. Les deux héros vivent une tragédie face à laquelle ils réagissent d’une façon totalement opposée. Rosa est une soumise qui parvient à échapper à la convoitise qu’elle suscite chez les hommes de la famille. José-Maria, lui, se révolte et n’accepte pas sa situation. Sa rage (rabia) l’isole et le conduit à vivre comme un rat qui sera exterminé par les spécialistes de la dératisation.

Réalisateur et scénariste font également ressortir en contraste l’amour profond qui lie ce couple et son absence au sein de cette famille de la bonne société. Sebastián Cordero déclare: «En faisant le parallèle avec la dégradation animale de José-Maria, j’ai cherché à faire un portrait de ces autres formes de dégradation que sont le cynisme, les excès et le manque d’amour.»

Le cinéaste fait preuve de talent dans une mise en scène sobre qui évite le mélodrame et qui donne le juste ton de cette sombre histoire. Il a le sens de l’image et des symboles. Il parvient aussi à introduire une certaine forme d’humour, tel ce plan qui montre José-Maria en train de téléphoner à Rosa depuis le grenier pour ensuite descendre les escaliers et la rejoindre quand elle répond depuis la cuisine.

C’est une œuvre assez dure, à l’image de la situation de ces immigrés. Mais aussi une œuvre forte dans laquelle la réalité rejoint et dépasse la fiction.

Maurice Terrail