Robin des Bois

Affiche Robin des Bois
Réalisé par Ridley Scott
Pays de production U.S.A., Grande-Bretagne
Année 2010
Durée
Musique Marc Streitenfeld
Genre Aventure, Action
Distributeur Universal Pictures International France
Acteurs Max von Sydow, Cate Blanchett, William Hurt, Russell Crowe, Mark Strong
N° cinéfeuilles 614
Bande annonce (Allociné)

Critique

On savait que Ridley Scott ne ferait pas dans la dentelle. Le réalisateur d’ALIEN (1979) et de MENSONGES D’ETAT (2008) - en passant par une quinzaine de grosses productions comme BLADE RUNNER (1981), GLADIATOR (2000), HANNIBAL et LA CHUTE DU FAUCON NOIR (2001) - est un spécialiste du film d’action. Et cette dernière mouture de ROBIN DES BOIS (hors concours, en ouverture du Festival de Cannes) ne laisse aucun doute à ce sujet.

Le cinéaste a pris l’option originale de ne pas faire un remake d’un des nombreux films déjà consacrés au hors-la-loi des forêts. Prenant ses distances vis-à-vis de la légende et l’adaptant librement, il situe son héros à des âges et des moments différents de la période habituellement prise en considération par ses prédécesseurs (de M. Curtiz en 1938 à K. Reynolds en 1991). Robin Longstride n’est pas encore le héros qui vole au secours des pauvres en dépouillant les riches, ni l’adversaire décidé du shérif despotique et corrompu de Nottingham, ni le chef d’une bande de sympathiques maraudeurs protecteurs d’un peuple opprimé. L’approche est différente, le cinéaste choisissant de montrer comment un simple archer de condition modeste, engagé dans l’armée de Richard Cœur de Lion, a pu devenir un héros de légende.

Scott inscrit son film d’action sur le fond historique de la fin des Croisades, avec le retour de Richard, sa mort en France, sa succession controversée (le couronnement de Jean sans Terre) et la mise hors-la-loi de Robin. Il s’agit donc du début de la carrière du héros (plusieurs flash-back renvoient d’ailleurs à une enfance imaginaire de Robin, fils d’un tailleur de pierres victime de Henri II). On en restera aux premières années: s’agit-il de ne pas marcher sur les plates-bandes d’autres longs métrages déjà réalisés? ou les producteurs ont-ils déjà derrière la tête une suite à donner au film qui sort aujourd’hui?

Tous les personnages connus - souvent peints à grands traits - sont fidèles au rendez-vous: Robin (Russell Crowe), champion d’une juste cause; Lady Marianne (Cate Blanchett), à la tête d’un village peuplé uniquement de femmes; le Prince Jean (Oscar Isaac), veule et opportuniste; Sire William Marshal (William Hurt), gentilhomme épris de justice; le vilain Sire Godefroy (Mark Strong), complotant contre son propre pays; Sire Walter Loxley (Max von Sydow), qui va aider Robin à se réapproprier son passé… Les grandes lignes historiques sont respectées: les conflits du Roi d’Angleterre avec les barons, les ambitions guerrières de Richard, les tentatives de débarquement du Roi de France en Angleterre (on se croirait en Normandie, le 6 juin 1944, les tirs de mortiers en moins, les nuages de flèches en plus…), les grandes batailles et les sièges de châteaux (comme si vous y étiez, merci aux multiples caméras, bravo aux hélicoptères), les guerres et la violence qui marquent toute cette époque.

Blockbuster bénéficiant de très gros moyens financiers, cette version assez grandiloquente des (premières) aventures de Robin charrie aussi de grandes idées: unité nationale, liberté et justice. Le film s’adresse avant tout aux spectateurs friands d’actions spectaculaires et qui n’ont pas trop envie de réfléchir au pourquoi et au comment des événements.

Antoine Rochat