Aisheen - Still Alive in Gaza

Affiche Aisheen - Still Alive in Gaza
Réalisé par Nicolas Wadimoff
Pays de production Qatar, Suisse
Année 2010
Durée
Musique Darg Team
Genre Documentaire
Distributeur filmcoopi
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 10 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 614
Bande annonce (Allociné)

Critique

Lauréat du Jury œcuménique de la Berlinale et, à Visions du Réel, du Prix Buyens-Chagoll ainsi que d’une mention du Jury Jeune public, le long métrage de Nicolas Wadimoff, scénarisé par Béatrice Guelpa, écrivain-journaliste, va commencer sa carrière en Suisse, en France, en Allemagne.

Comme son titre l’indique, le documentaire ne prétend pas faire le tour de la question israélo-palestinienne, laquelle nécessiterait des heures d’investigation et d’explications. Coproduit avec Al Jazeera Children Channel, il se concentre sur la manière dont des enfants vivent dans la bande bloquée de Gaza, au lendemain de l’opération militaire «Plomb durci». On commence par un long travelling sur un champ de ruines d’où émergent les vestiges d’un parc d’attractions; un gamin découvre ce qui reste d’un train fantôme. Au loin, on voit une femme ramassant on ne sait quoi dans un champ de décombres, comme si elle essayait de mettre de l’ordre dans un monde détruit. Un Palestinien entouré de ses fils se lamente devant son oliveraie plusieurs fois centenaire dont il ne reste rien: «Je ne sais pas par où commencer pour reprendre notre vie.»

Il est difficile de tourner un film dans la bande de Gaza, dont ne nous parviennent en général que quelques images d’opérations armées et la nouvelle du bombardement d’un tunnel permettant d’acheminer vivres, médicaments (armes aussi, sans doute) depuis le territoire égyptien. Nicolas Wadimoff a dû œuvrer dans l’urgence, son visa étant limité à deux semaines, et il a essayé de rencontrer d’autres interlocuteurs que ceux proposés par ses «fixeurs», intermédiaires locaux. Il a ainsi pu recueillir des propos spontanés, éloignés des discours de propagande. Et les images en disent souvent plus que les mots: on n’oubliera pas la grappe de gens pressés contre une fenêtre et tendant leur passeport à travers les barreaux dans l’espoir de recevoir une parcelle du programme alimentaire des Nations Unies. Des pêcheurs prennent la mer pour en ramener quelques malheureux poissons aussitôt grillés sur la plage et avalés sans pain. Les animaux aussi souffrent: les pensionnaires d’un petit parc zoologique sont nourris avec des graines pour oiseaux, pleines de vermines; le lion, crevé, a été empaillé tant bien que mal.

D’autres images symboliques surgissent: une baleine échouée (pas forcément victime des missiles, comme le supposent des gamins), dont on tente de reconstruire le squelette; le numéro de deux clowns venus distraire des écoliers sur fond de bombardements; un jeu de rôles animé par un instituteur qui ne confond pas Juifs et Israéliens; le rap d’un groupe critiqué par les islamistes. Et le commentaire d’une femme éprise de tolérance: «On a gagné un espace géographique, mais l’espace intellectuel se réduit.»

Et puis, quelques étincelles d’espoir, et ce plan final montrant des enfants dans un manège se remettant à tourner. Envers et contre tout, la vie continue à Gaza.

Daniel Grivel

Appréciations

Nom Notes
Daniel Grivel 15