Storm - La Révélation

Affiche Storm - La Révélation
Réalisé par Hans-Christian Schmid
Pays de production Allemagne, Pays-Bas, Danemark
Année 2009
Durée
Musique The Notwist
Genre Drame
Distributeur EuropaCorp Distribution
Acteurs Stephen Dillane, Kerry Fox, Rolf Lassgård, Anamaria Marinca, Alexander Fehling
N° cinéfeuilles 613
Bande annonce (Allociné)

Critique

Il y a eu en 2006 l’excellent documentaire de Marcel Schüpbach, LA LISTE DE CARLA, sur le travail de Carla Del Ponte, procureur au Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) à La Haye, entre urgence, espoir, deals politiques et impuissance. La même année sortait GRBAVICA de la réalisatrice bosniaque Jasmila Zbanic, puis en 2008 SNOW, d’une autre réalisatrice bosniaque, Aida Begic. Ces deux films s’attachent au quotidien et au destin de femmes ayant survécu à la guerre.

Par la fiction et sous la forme d’un thriller politico-judiciaire, le réalisateur allemand Hans-Christian Schmid, connu pour son engagement socio-politique, revient sur le fonctionnement du TPIY et les répercussions de la politique européenne sur les procédures et décisions de justice.

Pour ce faire, il suit les pas, caméra à l’épaule, du procureur adjoint Hannah Maynard (la Néo-Zélandaise Kerry Fox, vieillie pour l’occasion) dans ses aventures, ou plutôt mésaventures sentimentales et professionnelles. C’est elle qui soutient l’accusation contre un commandant serbe responsable de la déportation et de la mort de civils bosniaques musulmans.

Dans son désir, ô combien justifié, de dénoncer les dysfonctionnements d’une très grosse machine judiciaire, trop dépendante du jeu politique, le réalisateur brouille un peu trop les pistes entre échec personnel, quête de vérité et de justice, ambition professionnelle, machisme ambiant, petits arrangements politiques et horreurs de la guerre.

Le spectateur s’étonne en effet de voir la magistrate partir toute seule et au péril de sa vie en quête de preuves après avoir «perdu» son unique témoin sur qui reposait toute l’accusation: elle rencontre alors sa sœur, une femme bosniaque, Mira (l’excellente Anamaria Marinca, révélée par 4 MOIS, 3 SEMAINES ET 2 JOURS) qui accepte de bouleverser sa vie au nom de la vérité.

Il est salutaire qu’en dénonçant les dysfonctionnements de la justice ce film rappelle la guerre en ex-Yougoslavie et les exactions commises, alors qu’en ce moment-même à La Haye, devant le TPIY, l’ancien chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, affronte le premier témoin de l’accusation, un ancien prisonnier des camps de détention serbes, et que ce procès-fleuve va durer de nombreux mois…

Anne-Béatrice Schwab