Cinco dias sin Nora

Affiche Cinco dias sin Nora
Réalisé par Mariana Chenillo
Pays de production Mexique
Année 2008
Durée
Musique Darío González
Genre Comédie
Acteurs Fernando Lujan, Enrique Arreola, Cecilia Suarez, Ari Brickman, Veronica Langer
Age légal 7 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 613

Critique

José (Fernando Luján) découvre que sa femme s’est suicidée. Séparé d’elle depuis vingt ans mais toujours marié, il se voit contraint par elle d’organiser l’inhumation: elle a absolument tout planifié pour que cette tâche lui revienne. Or, la famille est juive et si José est athée, son fils, lui, est pratiquant. Le rabbin Jakowitz (Max Kerlow) est là pour rappeler les grands principes: pas d’enterrement au temps de Pessa’h. Et puisque Nora s’est suicidée, il n’est pas question qu’elle repose aux côtés de ceux qui ont respecté les règles de Dieu.

La mort est un thème dramatique. Mariana Chenillo prend le contre-pied et réussit une œuvre dont le ton chavire constamment entre la tendresse et le cocasse. Si Nora s’est suicidée, c’est qu’elle voulait mourir, n’est-ce pas? Le vide que laisse son absence ne doit pas le faire oublier. Il y a donc de la place pour glisser dans ce deuil si soigneusement préparé par la défunte l’histoire d’un couple qui s’est débrouillé comme il a pu pour vivre ses difficultés quotidiennes.

Elle n’est pas assénée à coup de sanglots. On la découvre par petites touches qui s’allument au gré des incidents consécutifs au deuil. Le rabbin, la femme de ménage, le fils ont chacun leurs points de vue qui dessinent en creux la personnalité de José et son souci: découvrir si oui ou non sa femme l’a aimé. En parallèle, par petites touches aussi, Mariana Chenillo rappelle le vide que transporte une religion vécue dans ses dogmatismes. Tout connaître des principes est une érudition dépourvue de tout sens humain. L’amour tant prêché n’y trouve pas sa place.

La réalisatrice - dont CINCO DIAS SIN NORA est le premier long métrage - réussit un film plein de délicatesse et d’attention envers ses personnages. L’humour prend le ton de l’absurde, jamais celui de la vulgarité. Et les différends qui opposent les protagonistes se concrétisent assez discrètement pour laisser aux caractères le temps de s’affirmer. C’est donc à une œuvre pleine de maturité que nous invite la jeune Mexicaine qui en promet une nouvelle pour le courant de cette année. On s’en réjouit!

Geneviève Praplan