A travers les branches d'un arbre

Daniel Duqué a un peu le physique d’un Don Quichotte, ce qu’il est un peu dans le monde du cinéma. Licencié en psychologie clinique de l’Université de Fribourg, ce producteur et réalisateur indépendant a plusieurs courts métrages à son actif et propose maintenant son premier long métrage: après s’être battu contre l’indifférence des distributeurs et le dédain des Journées de Soleure, il se fait son propre commis-voyageur.

Il faut reconnaître que son œuvre est aux antipodes des blockbusters hollywoodiens et que, en la matière, l’appellation de cinéma d’auteur est une litote... Avec poésie et obstination, Daniel Duqué raconte l’histoire de Pierre (Philippe Le Gall), tout jeune homme à la recherche d’un père perdu, reporter disparu en mission. Quelques instantanés le mettent sur ses traces et, accompagné de sa sœur Sofia (Laetitia Spigarelli), entreprend sa quête dans le passé. Le spectateur le suit dans des paysages dévastés (terrains vagues, décharges, voie ferrée désaffectée) et, avec lui, rencontre des images fortes - enfants victimes de la guerre, épouvantail parlant...

Rythme lent, beaux cadrages, approche intimiste: il faut savoir prendre le temps d’entrer dans un univers dont on ne sort pas indemne, qui n’est pas sans évoquer celui d’un Tarkovski. Daniel Duqué livre un travail méticuleux et approfondi sur l’image, le son, la mémoire: bref, une œuvre exigeante.