Green Zone

Dès le prégénérique, on est cueilli à l’estomac par les images d’une opération militaire haletante, exacerbée par une caméra à l’épaule sautillante et un montage en quadruples croches... En Irak en 2003, un commando de G.I.’s emmené par l’adjudant-chef Roy Miller (Matt Damon) est chargé de nettoyer les sites cachant les fameuses armes de destruction massive ayant «justifié» l’intervention étasunienne. Chacune de ces entreprises de nettoyage s’étant soldée par un échec, Miller s’interroge sur la fiabilité des sources informant le représentant du gouvernement à Bagdad; confirmé dans ses soupçons par Brown (Brendan Gleeson), agent de la CIA, il est décidé à tirer l’affaire au clair vaille que vaille.

Avec BLOODY SUNDAY, VOL 93, LA MORT DANS LA PEAU, Paul Greengrass a montré qu’il sait ficeler des films tenant le spectateur en haleine (jusqu’à le laisser sortir de la salle à bout de souffle), et ici encore il ne manque pas à sa réputation. Le scénario est inspiré d’un ouvrage dont l’auteur a été journaliste au Washington Post et a assisté de près à l’après-guerre en Irak. Autant dire que, en filigrane, George Deubeliou n’est pas épargné, pas plus que sa politique de remplacement de Saddam: pourquoi avoir tant tardé dans la reconstruction? Pourquoi ne pas avoir essayé de trouver un successeur capable de fédérer (pas facile, certes!) les divers courants en présence dans le pays? GREEN ZONE donne une idée de la complexité des enjeux et des luttes d’influence, sans parler du rôle des médias, et offre un aperçu des moyens extraordinairement sophistiqués mis en œuvre dans la guerre moderne. Matt Damon et ses partenaires sont excellents.