Autre rive (L')

Affiche Autre rive (L')
Réalisé par George Ovashvili
Titre original The Other Bank
Pays de production France, Géorgie
Année 2009
Durée
Musique Josef Bardanashvili
Genre Drame
Distributeur trigonfilm
Acteurs Tedo Bekhauri, Galoba Gambaria, Nika Alajajev, Tamara Meskhi, Archil Tabukashvili
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 646
Bande annonce (Allociné)

Critique

Tedo, réfugié abkhase de 12 ans, vivote de petits larcins dans une banlieue de Tbilissi. Une affaire qui tourne mal l’amène à s’enfuir et franchir la frontière pour aller retrouver son père en Abkhasie. Commence alors un long voyage à travers le paysage ravagé de la Géorgie, dans les décombres de la guerre (celle qui, à la suite de l’effondrement de l’URSS, transforma ce pays en champ de ruines). Naïf et impitoyable à la fois, le regard du garçon se pose sur tout ce qu’il voit. Sans rien juger - car c’est la seule réalité qu’il connaît -, il se borne à fermer les yeux quand le spectacle devient trop insupportable. Il sait qu’ici tout espoir est illusoire.

Constat implacable d’une enfance perdue, tableau d’un immense désastre ponctué d’images fortes, le premier long métrage de G. Ovashvili témoigne déjà - tout est filmé à bonne distance, avec sensibilité - d’une très grande maîtrise cinématographique.

Antoine Rochat


En août 2008, la guerre éclate entre la Géorgie et la Russie. Tbilissi devient une ville fantôme, vidée de ses habitants qui fuient les bombardements et l’armée russe. Tedo, 12 ans, vit avec sa mère dans un taudis à la périphérie, après avoir fui la guerre qui a ravagé sa province natale, l’Abkhazie, suite à l’effondrement de l’Union soviétique.

Délaissé et dégoûté par sa mère, qui vend son corps pour arrondir son maigre salaire de vendeuse, Tedo s’enfuit et entreprend un périlleux voyage dans un monde dévasté par la haine et la rancœur, dans l’espoir de retrouver son père resté à Tkvarcheli, au-delà de la frontière, sur l’autre rive. Il croisera sur sa route des personnages rudes et inquiétants comme ce routier abkhaze qui l’abandonne au milieu de nulle part quand il croit que l’enfant est géorgien, parce que ce dernier ne parle que la langue de son lieu d’exil. La langue, dans cette région en plein chaos, identifie l’origine de chacun et attise le racisme. Avant d’être vu comme un enfant étranger aux conflits des adultes, Tedo est considéré comme un ennemi. Il devient un bouc émissaire et côtoie la noirceur humaine où brille parfois un petit éclat d’humanité et de solidarité. Quand il a trop peur, ou que ce qui se passe autour de lui est trop insupportable, il ferme les yeux et tout son visage se plisse comme celui d’un petit vieux mais il ne dévie pas de sa route.

Ce périple est toujours vu à hauteur d’enfant et l’on ne peut se détacher du visage de Tedo ni se soucier pour ce gosse qui nous rappelle tant des enfants de notre propre entourage. De happy end à l’américaine, il n’y en a pas. On reste suspendu à l’espoir que l’enfant s’en tirera après qu’il a pu renouer avec ses racines. La vision de son pays d’origine que nous livre Ovashvili, qui fut aussi un enfant de la guerre, est très sombre. Son film grave et superbe est oppressant du début à la fin. Il lui a valu de nombreux prix, dont le «Regard d’Or» du Jury international du Festival de films de Fribourg 2010.

Nicole Métral

Ancien membre

Appréciations

Nom Notes
16
Georges Blanc 16
Daniel Grivel 18
Serge Molla 17
Geneviève Praplan 18
Antoine Rochat 16