Critique
Géraldine Nakache et Hervé Mimran ont écrit et réalisé ensemble leur premier film. Ils situent ce conte urbain dans le quartier de Puteaux, à dix minutes de Paris, un quartier qui les a vus grandir et qu’ils connaissent donc de l’intérieur. Dix minutes, c’est peu, mais c’est trop pour les deux héroïnes, Ely (Géraldine Nakache) et Lila (Leïla Bekhti), qui rêvent de «tout ce qui brille» de l’autre côté du périph’.
Comme deux sœurs, elles sont liées depuis toujours et leur histoire d’amitié survivra à tous les accrocs. Leur cité n’est ni pourrie ni dangereuse et pourtant elles étouffent dans un quartier où tout leur paraît étriqué, confiné, médiocre. Elles s’habillent Zara ou H & M et rêvent Chanel et compagnie.
Fascinées par les apparences, elles voudraient échapper à leur condition sociale, à leurs familles, et ajouter une couche de vernis à leur terne existence. Dans leur tentative pathétique, elles n’hésitent pas à utiliser faux-semblants, mensonges et trahisons, et se retrouvent fatalement en porte-à-faux avec familles et amis. Dans leur entourage, les garçons sont trop «relou», les situations «chelou» et c’est «vener»… Et leur langage reste bien celui d’une génération, trop émaillé de p… et compagnie.
TOUT CE QUI BRILLE est une énième variation sur le passage de l’adolescence à l’âge adulte, d’un milieu social à un autre, et sur le thème éternel de l’apparence. A l’aune de ses personnages, ni vraiment aimables ni suffisamment culottés, ce premier film, juste descriptif, manque d’audace et peine à se hisser hors de la morosité ambiante qu’Ely et Lila tentent maladroitement de fuir.
Anne-Béatrice Schwab