Tête de Turc

Affiche Tête de Turc
Réalisé par Pascal Elbé
Pays de production France
Année 2009
Durée
Genre Drame, Policier
Distributeur Warner Bros. France
Acteurs Ronit Elkabetz, Roschdy Zem, Pascal Elbé, Samir Makhlouf, Léo Elbé
Age légal 14 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 611
Bande annonce (Allociné)

Critique

Suite à un accrochage d’une bande de jeunes avec la police, l’un d’entre eux, Bora (Samir Makhlouf), boute le feu à la voiture d’un médecin urgentiste qui passe par là. Mais immédiatement pris de remords, il extrait le conducteur de son véhicule en flammes et le sauve. Déchiré entre sa conscience (doit-il faire état à la police de son geste premier ou passer pour un héros?) et son avenir (s’il parle, il passera pour un délateur aux yeux des autres membres de la bande), il ne sait que faire. Son hésitation constituera le centre de gravité d’un film qui, se voulant «choral», se perd malheureusement dans des pistes secondaires, mais a le mérite d’aborder un sujet difficile et complexe, celui des jeunes banlieusards - on est à Suresnes, semble-t-il -, la plupart immigrés, en plein désarroi, n’ayant ni présent ni avenir devant eux.

L’acteur Pascal Elbé, bien documenté, a réalisé un film ambitieux qui s’inscrit dans une réflexion sur le rôle de la famille ou du clan (faut-il rester fidèle? ou trahir par souci de vérité?) TÊTE DE TURC s’inscrit parallèlement dans un contexte social où s’expriment des sensibilités et des cultures diverses (Turcs, Arméniens).

Le film démarre comme un polar, avec priorité au spectacle, puis trouve un bon rythme dans la présentation des multiples personnages impliqués dans l’événement. TÊTE DE TURC donne ensuite la première place au sentiment de culpabilité éprouvé par Bora - avec toutes les complications d’ordre familial que cela entraîne. Le récit se complique et le film apparaît alors comme une sorte de puzzle social où il y aurait trop de morceaux à placer. Et la fin, rondement menée, paraît assez artificielle et plaquée.

TÊTE DE TURC est un film nocturne, aux lumières contrastées, où la bande-son est très travaillée. On relèvera la qualité de jeu des acteurs, tout spécialement de l’actrice (israélienne) Ronit Elkabetz, dans le rôle de Sibel, la mère (turque!) de Bora, prête à payer le prix fort pour s’en sortir, et aussi celle, très sobre, de Roschdy Zem, dans celui d’Atom, le frère policier du médecin Simon (interprété par Pascal Elbé). Si une certaine unité thématique (et structurelle) fait défaut au film, les comédiens, dans l’ensemble, sont crédibles.

Antoine Rochat