Hadewijch

Affiche Hadewijch
Réalisé par Bruno Dumont
Pays de production France
Année 2009
Durée
Genre Drame
Distributeur Tadrart Films
Acteurs Julie Sokolowski, Karl Sarafidis, Yassine Salim, David Dewaele, Brigitte Mayeux-Clerget
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 611
Bande annonce (Allociné)

Critique

Choquée par la foi extatique et aveugle d’Hadewijch (Julie Sokolowski), une novice, la Mère supérieure l’invite à quitter le couvent alors qu’elle s’apprête à prononcer ses vœux. Hadewijch redevient Céline, fille de diplomate, jeune Parisienne aux études. Mais sa passion amoureuse pour Dieu, son incessante révolte intérieure et sa rencontre avec deux jeunes musulmans vont peu à peu l’entraîner, entre grâce et folie, sur un terrain dangereux.

Sans aucun doute, les films de Bruno Dumont ne laissent pas indifférents, ils dérangent, tant par leur forme que par les idées véhiculées. LA VIE DE JESUS, L’HUMANITE, FLANDRES sont autant d’exemples de ce cinéma austère et dépouillé, mais aussi engagé, propre à ce réalisateur, philosophe de formation. «Pour s’approcher de Dieu, il n’est pas nécessaire de se séparer du monde.» Cette affirmation de la Mère supérieure donne la trame de ce film, véritable réflexion sur l’incarnation. Comment la présence divine peut-elle s’incarner? Comment habiter un personnage d’aujourd’hui, occupé par un vide? Où se loge le salut? Comment distinguer la fragilité de la force? Le thème central de cette œuvre, la présence/absence de Dieu, ne nous aide guère à trouver des réponses à ces questions.

Inspiré par Hadewijch, une figure du mysticisme du bas Moyen Age flamand, ce film donne corps, celui d’une adolescente gracile, à une façon de vivre et d’exprimer sa foi héritée du XIIIe siècle pour la plonger dans le monde contemporain. Paraissant accessible de prime abord, cette œuvre s’avère en fait relativement fermée. Elle n’en est que plus intéressante par toutes les questions qu’elle pose. Tout au plus peut-on déplorer une amorce de dérapage lorsque l’islam y est dangereusement assimilé à une incitation à la violence. Bref, un film à découvrir et à méditer.

Georges Blanc