Critique
Sherry Hormann est une réalisatrice engagée pour la cause des femmes. L’histoire de Waris Dirie, petite fille du désert somalien devenue top model et championne de la lutte contre l’excision, l’a séduite. Elle a fait du combat de cette jeune femme contre la mutilation génitale féminine un long métrage sobre et efficace, FLEUR DU DESERT, afin de faire largement connaître la douloureuse et révoltante réalité de millions de femmes en Afrique.
La réalisatrice n’est pas tombée dans le travers de la romance pour rendre son film plus glamour et faire miroiter les paillettes de la gloire. Elle suit fidèlement la biographie de Waris Dirie. Née en 1965 en Somalie, près de la frontière éthiopienne, fille de nomades éleveurs de chèvres, Waris (Liya Kebede, ex-James Bond girl...) est excisée au rasoir à l’âge de 5 ans comme le veut la tradition. Deux de ses sœurs mourront des suites de cette mutilation barbare. A 13 ans, elle s’enfuit pour échapper à un mariage forcé avec un homme de 60 ans et erre dans le désert pour rejoindre Mogadiscio, où habitent sa grand-mère et ses tantes. Un de ses oncles, devenu ambassadeur, l’emmène comme domestique à Londres où elle vit en recluse. Quatre ans plus tard, alors que son oncle retourne au pays en catastrophe suite à un coup d’Etat, elle décide de rester et se lance dans de petits boulots pour survivre. Elle rencontre une jeune Anglaise déjantée et empathique, Marylin (Sally Hawkins, vue dans HAPPY GO LUCKY) qui l’héberge dans sa chambre. Elle est repérée par un photographe britannique renommé, Terry Donaldson (l’excellent Timothy Spall), qui la fera poser pour la couverture du fameux calendrier Pirelli. Commence alors pour la jeune femme farouche une carrière de mannequin-vedette international. Au milieu des années 1990, lors d’une entrevue pour le magazine Marie-Claire, elle raconte de façon bouleversante son excision. Elle est alors contactée par le Fonds des Nations Unies pour la population et devient ambassadrice de bonne volonté de l’ONU contre les mutilations génitales féminines. Le film de Sherry Hormann est un plaidoyer pour que cessent ces pratiques d’un autre temps, qui blessent des femmes à vie aussi bien physiquement que psychologiquement. La musique qui assure un fond sonore est un peu trop omniprésente, et souvent inutile. Le silence, parfois, est bien plus prenant, d’autant plus quand les images vous prennent - c’est le cas de le dire - au ventre.