Liberté

Affiche Liberté
Réalisé par Tony Gatlif
Pays de production France
Année 2008
Durée
Musique Tony Gatlif, Delphine Mantoulet
Genre Drame
Distributeur UGC Distribution
Acteurs Rufus, Marie-Josée Croze, Marc Lavoine, James Thiérrée, Kevyn Diana
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 609
Bande annonce (Allociné)

Critique

Tony Gatlif, lui-même rom d’origine, raconte le destin d’une famille tsigane durant la Seconde Guerre mondiale. Pendant l’Occupation, parvenue dans un village de la France profonde, elle est victime du racisme et des persécutions des nazis. Inspirée de faits réels, cette histoire permet au réalisateur de faire connaître le sort tragique des gens du voyage dont la seule erreur est leur besoin de liberté. «J’ai voulu donner d’eux une autre image que celle forgée par la peur et la haine, et qui a conduit directement aux chambres à gaz les gitans, les manouches et les bohémiens, peuple nomade et libre.»

Des personnages ressortent de ce récit. Du côté des Tsiganes, il y a Taloche (interprété par James Thiérrée, petit-fils de Charlie Chaplin) et P’tit Claude (Mathias Laliberté), qui incarnent tous les deux cette soif intarissable de vivre. Il y a aussi des «justes» parmi les villageois. Le vétérinaire - qui est aussi le maire - et l’institutrice qui vont tout faire pour sauver ces gens que des roulottes brinquebalantes ont conduits dans leur commune. Belle leçon d’humanité qui ne suffira pas à les sauver!

La plupart des personnages sont des comédiens qui ont fait l’effort d’apprendre la langue rom et qui, venus de l’Est, avaient l’accent des gens qui voyagent. C’est à la fois une qualité et un défaut dans ce film. Mais, en revanche, si le réalisateur révèle une certaine faiblesse dans la direction des acteurs, il a le sens de l’image. On n’oubliera pas de sitôt cet enfant seul derrière des barbelés, ni cette famille enlacée, ni même ce concert donné à des poules enfermées derrière le treillis de leur poulailler. De belles images que Gatlif n’utilise pas pour de seuls choix esthétiques, mais qui sont d’éloquents symboles. Un poème m’est revenu en mémoire. Au lendemain de la guerre, Paul Eluard, le poète de la résistance, écrivait un hymne émouvant à la liberté. «Liberté, j’écris ton nom…» Tony Gatlif, lui, filme son nom sur la roulotte des nomades, sur le violon de Taloche, sur la culture de cette famille. Un des personnages déclare: «On sera libre quand on sera parti d’ici sans que personne ne sache où on va.»

Hélas, on sait trop bien qu’ils partirent par centaine de milliers vers les camps de concentration et les chambres à gaz, sans que personne ne prenne leur défense. Il faut recevoir ce film comme un grand cri et un appel à la tolérance.

Maurice Terrail