A Single Man

Au début des années 1960, George Falconer (Colin Firth) est un «veuf» inconsolable: son compagnon Jim s’est tué dans un accident de voiture. Ce professeur d’anglais à l’Université de Californie est (hyper)sensible aux difficultés rencontrées par les minorités quelles qu’elles soient et se sent d’autant plus solitaire qu’il est britannique, homosexuel et esthète raffiné. Son amie Charley (Julianne Moore) est tout aussi perplexe face à son propre avenir. Un jeune étudiant, Kenny (Nicholas Hoult, aujourd’hui égérie des lunettes Ford), redonnera-t-il à George, qui prépare son suicide (allant jusqu’à choisir son vêtement mortuaire et sa cravate, qui devra être nouée Windsor...), une raison de vivre?

Tom Ford, qui fit en 2001 une apparition tel qu’en lui-même dans Zoolander de Ben Stiller, est un couturier très médiatique ayant réanimé Gucci, repris Yves Saint-Laurent puis créé une ligne cosmétique pour Estée Lauder avant de voler de ses propres ailes. Son premier long métrage révèle une belle sensibilité et un goût sûr dans les reconstitutions d’époque (ce qu’il avait déjà fait pour Gucci); il offre un rôle cousu main à Colin Firth, qui lui a d’ailleurs valu le Prix d’interprétation masculine de Venise (et au film le Queer Lion pour le meilleur traitement du thème de l’homosexualité).

Si à l’époque, en Californie, on aimait se «shooter» à la mescaline, la réalisation de Tom Ford sent, elle, la naphtaline. Aussi bien le jeu des acteurs (excellents) que la photographie font penser au Lauréat et peuvent laisser le spectateur indifférent à ce qui peut paraître une tasse de thé léger sirotée avec le petit doigt levé...