Critique
Le prégénérique de ce thriller (suisse) - projeté lors des Journées de Soleure - affirme péremptoirement, en quelques petites phrases jetées sur un coin de l’écran, que Genève est une ville de perdition: plus de 1’000 milliards d’euros dans les banques, un trafic de drogue qui bat tous les records, un abus manifeste dans le port d’armes (un Genevois sur deux est armé, paraît-il), une prostituée pour trente habitants, de multiples entreprises criminelles, bref, «la totale»…
Ces prémices - à vérifier! - vite posées, le champ est désormais libre: le film pourra dire n’importe quoi et partir dans toutes les directions, ce qu’il va faire sans se gêner. Démarrage sur les chapeaux de roues, dans le style des séries américaines: un commando de policiers genevois investit rondement, sous le commandement de son chef Alex Decker, un repaire de trafiquants de cocaïne. VERSO s’installe dès lors dans le canevas classique d’une intrigue policière: suspense, action et sentiments.
La mise en scène se veut costaude, le suspense est entretenu, les acteurs sont bien dirigés, les règles du genre respectées, malgré les embrouilles. La sauce, pourtant, a du mal à prendre. Xavier Ruiz, qui habite Genève, souhaitait-il parler de sa ville? Ou évoquer les difficultés du métier de policier? Tout cela n’est guère qu’esquissé. Voulait-il faire de VERSO un film politique? On est alors très loin du compte. Avait-il l’intention de partir à la découverte de la face cachée - le «verso» - de chacun de ses personnages? Sans doute, mais le résultat n’est pas à la hauteur de ses ambitions…
Antoine Rochat