Hans Erni, un peintre dans le siècle

Affiche Hans Erni, un peintre dans le siècle
Réalisé par Raphaël Blanc
Pays de production
Genre
Acteurs Jennifer Peedom
N° cinéfeuilles 608

Critique

«Avec sa gueul’ de Lucernois, de lansquenet, de pâtre helvète...» (pardon, Georges Moustaki!), Hans Erni est une personnalité singulière qui aura marqué l’histoire du XXe siècle, quand bien même les plus jeunes générations ne le connaissent guère ou pas du tout. C’est donc dire que le documentaire de Raphaël Blanc, producteur et réalisateur (LE VOYAGE INTERIEUR DE MIKE HORN) vient plus qu’à son heure, alors que le peintre, graveur et illustrateur suisse fête son 101e anniversaire le 21 février.

Après un apprentissage de topographe et quelques années comme dessinateur en bâtiment (ce qui explique en partie la sûreté de son trait et son goût pour les fresques monumentales), Erni a étudié les beaux-arts à l’Académie Julian, à Paris, puis côtoyé des membres du Bauhaus comme aussi Mondrian, Kandinsky, Moore, Braque, Picasso, Cocteau. Il est donc à lui seul un résumé de l’histoire de l’art moderne.

Et pourtant, comme l’écrit Raphaël Blanc, «il est connu mais pas reconnu. Il est aimé par le public et ignoré par les milieux culturels et artistiques.» Osons une métaphore un peu provocante: il est à l’art ce que Claude Lelouch est au 7e art... Ce qui ne l’a pas empêché d’être un créateur engagé: avant beaucoup d’autres, il a milité pour la paix et pour ce que l’on n’appelait pas encore l’écologie, ce qui lui a valu d’être considéré comme un (crypto)communiste...

Avec le concours de Jean-Philippe Rapp, le réalisateur convoque divers notables du Landerneau politico-artistique autour du colosse de Suisse centrale. Le film, dont on espère qu’il fera une belle carrière à la télévision, est un bel hommage qui, s’il est tardif, n’en est pas moins mérité. Au-delà des commandes onusiennes, certaines des affiches d’Erni resteront dans les mémoires.

Daniel Grivel