Océans

Affiche Océans
Réalisé par Jacques Perrin, Jacques Cluzaud
Pays de production France, Suisse, Espagne
Année 2009
Durée
Musique Bruno Coulais
Genre Documentaire
Distributeur Pathé Distribution
Acteurs Pierce Brosnan, Jacques Perrin, Matthias Brandt, Manolo García, Lancelot Perrin
N° cinéfeuilles 607
Bande annonce (Allociné)

Critique

Yann Arthus-Bertrand, Nicolas Hulot, Jacques Perrin: trois Français au chevet d’un environnement menacé. En commun, l’idée de mobiliser l’humanité pour sauver la planète bleue, en en montrant des images de toute beauté. Cela suffit-il?

Après avoir volé dans les cieux au milieu des oiseaux (LE PEUPLE MIGRATEUR, 2001), Jacques Perrin nous emmène nager avec les poissons au plus profond des océans. Une entreprise qui lui a demandé quatre ans de réflexions, de multiples recherches, beaucoup de voyages et de prouesses techniques. OCEANS, ce sont des images superbes, c’est aussi une aventure scientifique hors du commun, mais une réflexion sur l’avenir des mers que l’on aurait souhaitée plus engagée.

Des images superbes d’abord. Un véritable et constant enchantement: le ballet aquatique d’un groupe de baleines à bosse, les arabesques des raies géantes et multicolores, la rencontre des baleines bleues, celle - au fond de la mer - de deux bataillons de crabes oranges, l’attaque des bancs de sardines par les fous ailés blancs, la complicité du requin et du plongeur, toutes ces séquences (et les autres) sont splendides, surréalistes parfois.

OCEANS est aussi une aventure scientifique exceptionnelle. D’énormes moyens financiers ont été investis pour permettre au spectateur-poisson que nous sommes de s’aventurer au fond des mers. Des caméras spéciales ont été construites (on pense à celle qui accompagne les dauphins surfant sur les vagues, à pleine vitesse, à quelques dizaines de centimètres d’eux). Des recherches ont été menées dans des lieux inconnus à ce jour, dans des profondeurs où se cachent (encore) des poissons qui rampent et des crabes qui nagent, où certaines plantes ressemblent à des animaux aux masques extravagants, où d’autres êtres vivants se confondent avec des rochers. Beaucoup d’images uniques, hallucinantes, rendues possibles par la mise à disposition d’un matériel très sophistiqué.

Une réflexion que l’on aurait souhaitée tout de même plus pointue. Si la plupart des images dégagent une impression d’harmonie, de beauté et de légèreté, d’autres sont annonciatrices d’un avenir plus sombre: rivages souillés, pollution imputable à l’homme, méfaits de la pêche industrielle, pour n’en citer que quelques-unes. OCEANS rappelle aussi en passant que l’ouverture future de la navigation au pôle Nord menace déjà les phoques, les espadons, les ours blancs.

«Les océans sont agressés», dit Jacques Perrin. Mais il faut tendre l’oreille pour saisir son message: on attendait un discours plus incisif de sa part, des images plus fortes par moments. Le générique final précise qu’aucun animal n’a été victime du tournage, et que les brèves scènes de pêche - sanglantes et cruelles - ont été reconstituées pour les besoins du film. Dont acte, et c’est tant mieux, mais un commentaire plus engagé, chiffré peut-être, une réflexion sur la pêche et ses excès, sur l’avenir des océans et les problèmes qui se posent maintenant n’aurait rien ôté à la qualité du film. «Les cris des espèces menacées restent inaudibles», disent les auteurs d’OCEANS. Alors pourquoi ne pas parler plus fort? Quelques espèces, laissent-ils entendre avec dépit, seront sans doute sauvées et placées dans les parcs ou les musées océanographiques. Piètre consolation.

Antoine Rochat