Critique
Le hasard veut que le même jour sortent MR. NOBODY, film sur les choix qui ponctuent l’existence, et TURISTAS, dont la principale protagoniste est annihilée par son esprit d’indécision. Joel (Marcelo Alonso) est las de la morosité de sa femme (Aline Kuppenheim). Alors qu’ils vont au bord de la mer pour leurs vacances, elle lui avoue qu’elle n’a pas gardé l’enfant dont elle était enceinte et pour lequel ils avaient nourri beaucoup de projets. C’en est trop, il abandonne Carla sur le bord de la route. Déconcertée, celle-ci prend un bus et se retrouve à camper dans une réserve, avec un jeune routard norvégien. Pour elle, comme pour lui, cette immersion dans la nature sera salutaire.
«J’ai toujours voulu montrer combien c’est devenu compliqué d’avoir un rapport à la nature aujourd’hui, quand on est citadin», explique la réalisatrice chilienne qui signe ici son deuxième long métrage. Le sujet est beau et nécessaire, mais difficile. Alicia Scherson choisit la métaphore. Le 4x4 tire un scooter aquatique. Dans la voiture, le couple semble enfermé et oisif. Puis ces symboles de vacuité disparaissent et laissent place à la forêt. Des plans superbes montrent le foisonnement de sa vie mystérieuse qui devrait conduire à l’éveil à la nature et au retour de la confiance. Pourtant, cela ne suffit pas. TURISTAS est un film simple et attachant, mais il souffre d’un manque de souffle; son traitement, un peu pâle, laisse un goût d’insuffisance.
Comment quelques jours en forêt suffiraient-ils à rendre à la vie, même symboliquement, des personnages sérieusement abîmés par la vie?
Geneviève Praplan
