Critique
A 7 ans, Natanaël ne sait toujours pas lire. Angélica, sa grande sœur de 10 ans, un brin chipie, ne manque pas de le lui rappeler. Comme chaque année, avec leurs parents, ils prennent leurs quartiers d’été dans la maison de tante Eléonore. Mais cette dernière est décédée et la maison semble bien vide; elle a toutefois légué à Angélica une poupée et à Natanaël… sa bibliothèque.
Et c’est le plongeon au pays du rêve et de l’imaginaire, des contes, récits et légendes qui ont bercé notre enfance et celle de nos aïeux! Une multitude de personnages jaillit des livres; bienfaisants ou maléfiques, ils sont tous là pour aiguillonner ce petit garçon récalcitrant à la lecture, calmer ses peurs, l’aider à prendre confiance en lui-même.
Sorte de voyage initiatique, sans prétention ni volonté pédagogique assommante, cette adorable histoire est confondante et de classicisme et de fraîcheur. La directrice artistique et illustratrice Rébecca Dautremer excelle à créer un monde original de rêve et de tendresse, tant par le graphisme et les décors que par le travail sur les couleurs et la lumière. Loin des productions réalisées avec les technologies les plus sophistiquées, l’œuvre est entièrement artisanale. Même si un plan ne dure que deux secondes, il a été conçu et dessiné à la main avec la même passion du détail.
Le scénario, la musique et l’ensemble de la réalisation sont de la même veine, celle de la bienfacture, de l’originalité et de la sensibilité au service d’un univers merveilleux. Hommage à la lecture et au monde de l’imaginaire, à la transmission des contes à travers les générations, au-delà des frontières et des langues, ce film d’animation parlera à chacun, petit ou grand.
Et selon la formule magique déchiffrée par Natanaël, «ce n’est pas parce que c’est inventé que ça n’existe pas!»
Anne-Béatrice Schwab