Luck by Chance

Affiche Luck by Chance
Réalisé par Zoya Akhtar
Pays de production
Genre
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 10 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 604

Critique

La jeune réalisatrice Zoya Akhtar est tombée dès sa naissance dans la marmite de l’industrie cinématographique indienne. Avec un père écrivain et compositeur, une mère actrice, auteure et réalisatrice, un frère acteur, réalisateur et producteur. Enfant, elle a passé beaucoup de temps sur les plateaux de tournage, puis elle s’est fait la main comme responsable de casting et assistante de réalisation. Pour son premier long métrage, elle a cosigné le scénario avec son père et offert à son frère le rôle principal.

Cette connaissance intime du milieu cinématographique indien lui permet d’adopter d’emblée un ton et un point de vue original et de trancher délibérément avec le style codifié - scènes de chant, danse, combat - des habituels mélodrames made in Bollywood. Elle plante son décor dans les coulisses de la célèbre usine à rêves que sont les studios de Bombay. Avec beaucoup d’empathie elle s’attache aux destins de personnages aussi variés que colorés: figurants, journalistes, danseuses, chanteuses, secrétaires, débutants, réalisateurs, producteurs, stars et même mère de star…

Ce monde agité bouillonne d’ambitions et de frustrations. Les échecs et les triomphes se télescopent. C’est le royaume du rêve, qui peut tourner au cauchemar. Dans cette véritable industrie, il s’agit donc de fabriquer à tout prix des stars, si possible un couple auquel le public puisse s’identifier, qu’il puisse idolâtrer, en demander et en redemander pour faire tourner la machine à rêves et à fric. Et peu importe la qualité du film et du scénario. Zoya Akhtar dénonce les lois impitoyables propres à ce star-system, où Bollywood n’a rien à envier à Hollywood.

Sorte de conte moral qui s’attaque à la réalité sociale des travailleurs de cette industrie, LUCK BY CHANCE dévoile les vicissitudes du métier et rend un bel hommage à la profession d’acteur et d’actrice en quête d’une improbable reconnaissance. Pour réussir, faut-il du talent? le hasard? juste un peu de chance? ou peut-être une pincée de chaque comme pour un bon curry!

Anne-Béatrice Schwab