El Niño Pez (Enfant-Poisson)

Lala (Inés Efron), 13 ans, vit dans une famille bourgeoise d’un quartier cossu de Buenos Aires. Elle se sent attirée par Guayi (Mariela Vitale), jeune domestique paraguayenne de deux ans son aînée. Une passion réciproque va naître, grandir, et les deux adolescentes décideront, six ans plus tard, de partir vivre ensemble au Paraguay, au bord du lac d’Ypoa où court la légende d’un enfant-poisson. Elles rassembleront leurs économies, elles vendront quelques objets de valeur subtilisés dans le salon familial…

A partir de cet instant tout bascule: le passé de Guayi (rapports incestueux avec son père) et le présent de Lala (sa responsabilité possible dans la mort du sien) brouillent les pistes. D’une romance ou d’un drame sentimental (touches discrètes, portraits nuancés, tonalité sensible), El Nino Pez se transforme en un thriller compliqué, tragique, à rebondissements multiples plus ou moins prévisibles.

Les deux actrices, il faut le relever, sont excellentes. On avait déjà remarqué Inés Efron dans le premier film de Lucia Puenzo, XXY (2008). Elle endossait là le rôle difficile d’une adolescente atteinte d’hermaphroditisme. Avec El Nino Pez, la cinéaste poursuit son exploration des tourments liés à la découverte d’une sexualité différente, mais le tableau qu’elle nous offre reste assez impersonnel. Les couleurs peuvent être belles - à noter parfois des images trop lisses, et quelques séquences sous-marines et oniriques superflues -, la structure narrative peut recourir à de multiples flash-back, la mise en scène est finalement trop tarabiscotée. Lucia Puenzo évoque incidemment quelques problèmes intéressants (le face-à-face de deux mondes socialement différents, la recherche d’une identité personnelle, la difficulté à entrer dans le monde des adultes), mais elle le fait trop superficiellement, et le scénario en général - adaptation d’un roman de la cinéaste - se situe à la limite du convenu. Un résultat finalement assez mitigé.