Critique
Une mine explosée au cœur du désert marocain fait du petit Bazil un orphelin et, quelques années plus tard, une improbable histoire de balle perdue logée dans son cerveau achève de l’embrouiller… ou de le sauver, c’est selon! Doux rêveur à l’inspiration débordante, adulte à l’âme d’enfant, Bazil (Dany Boon) rencontre une bande de truculents chiffonniers capables des inventions les plus ingénieuses et les plus folles. Cette famille élargie vit dans une grotte étonnante, sorte de caverne d’Ali Baba et repaire d’un imaginaire débridé mâtiné de gentillesse, d’amitié et de solidarité. Ensemble ils vont partir en guerre et s’attaquer à deux grands industriels cyniques, marchands d’armes de leur état, semeurs de malheur et de mort.
Cette fantaisie déjantée et jubilatoire nous sort de la grisaille des inévitables comédies à la française, ressassant les éternels problèmes psycho-socio-familio-nombrilistes. Sans jamais quitter le ton de la comédie et sans avoir l’air d’y toucher, le film fait mouche en prenant pour cible un sujet politique, économique et éthique explosif!
Le réalisateur de succès tels DELICATESSEN, LA CITE DES ENFANTS PERDUS, UN LONG DIMANCHE DE FIANCAILLES, LE FABULEUX DESTIN D’AMELIE POULAIN, reste inspiré par des Chaplin, Carné, Prévert ou Tati. Avec MICMACS A TIRE-LARIGOT, il crée à nouveau pour le plus grand plaisir du spectateur un univers original, singulier et poétique, plus sombre et plus grave que dans AMELIE POULAIN, mais toujours débordant d’humanité et de spontanéité. Même les personnages les plus improbables, farfelus et loufoques, touchent et deviennent vraisemblables. Il faut dire qu’ils sont servis par une équipe d’excellents acteurs, tous parfaits dans leur rôle, Dany Boon (balle) en tête.
Et comme le dit si bien Jean-Pierre Jeunet: «Je m’amuse à chaque instant. (…) J’ai toujours l’impression d’être un gamin qui ouvre sa boîte de Meccano et s’amuse avec chaque pièce. Et pas question qu’il reste un boulon au fond de la boîte! (…) Ce plaisir n’a d’intérêt que si je peux le faire partager aux spectateurs. (…) Finalement le cinéma c’est bidouille et tambouille.» Ne boudons pas ce plaisir!
Anne-Béatrice Schwab