Ma vie pour la tienne

Affiche Ma vie pour la tienne
Réalisé par Nick Cassavetes
Pays de production U.S.A.
Année 2009
Durée
Musique Aaron Zigman
Genre Drame
Distributeur Metropolitan FilmExport
Acteurs Cameron Diaz, Abigail Breslin, Jason Patric, Sofia Vassilieva, Heather Wahlquist
Age légal 10 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 598
Bande annonce (Allociné)

Critique

Sara et Brian apprennent que leur fille Kate, 2 ans, est atteinte de leucémie. Avec l’aide médicale de spécialistes de la procréation et de la compatibilité génétique, ils décident de concevoir un autre enfant: ce sera Anna, qu’ils savent donc susceptible de venir en aide à sa sœur, entre autres pour une éventuelle transplantation d’un rein. Sara, la mère, décide de se consacrer entièrement à sa fille malade, négligeant du même coup son fils Jesse ainsi qu’Anna. Mais à l’âge de 11 ans (Kate en a alors 16), Anna engage un avocat pour intenter un procès à ses parents: elle veut mettre un terme aux procédures médicales sur sa personne (elle a déjà donné plusieurs fois du sang à sa sœur et subi une ponction de la moelle).

Nick Cassavetes s’est attaqué à un sujet difficile et dérangeant, dans une double démarche. D’abord celle qui consiste à décrire la vie d’une famille perturbée par la maladie incurable d’un enfant, avec tous les problèmes et toute la complexité des rapports affectifs que l’on peut imaginer. Ensuite celle d’aborder frontalement la question juridique des droits (?) des parents de pouvoir disposer d’un de leurs enfants comme «ressource médicale» pour un autre. On sait combien aux Etats-Unis (en tous cas) les procédures judiciaires à l’encontre des médecins se multiplient, et Nick Cassavetes aborde ici la question des droits des enfants de s’adresser à la justice s’ils estiment que leur santé est menacée par des pratiques discutables de leurs parents.

L’intrigue du film se situe à ces deux niveaux, la narration usant de plusieurs retours en arrière pour rappeler l’existence douloureuse de Kate, le désarroi et les souffrances de son entourage, les difficultés d’Anna à assumer son rôle ambigu, les divergences (allant jusqu’à l’affrontement) de ses parents et les différentes étapes de la procédure judiciaire mise en place. Le récit, intelligemment mené, échappe au piège de l’émotion larmoyante. La composante juridique de l’intrigue, elle, permet d’intégrer d’autres personnages (un avocat, une juge) et d’insérer ainsi des séquences d’une tonalité différente. Ce niveau de lecture-là apparaît parfois comme un autre film, en parallèle au développement de l’intrigue plus strictement familiale.

On relèvera enfin que le cinéaste passe comme chat sur braise sur la décision des parents - tout de même complexe et contestable - de concevoir un enfant en tant que futur «donneur». Cet axiome étant posé, le film de Nick Cassavetes se déroule sans trop de surprises, tout en souffrant de certaines longueurs. A noter aussi le recours répétitif à la voix «off», mais avec un succès inégal: émanant de plusieurs personnages différents, elle empêche tout véritable point de vue de se dégager de cette histoire. Les respirations musicales (des chansons) et visuelles (quelques effets visuels frisant l’artificiel) tentent d’aérer quelque peu un propos qui reste dans l’ensemble assez oppressant.

Antoine Rochat