Amours aveugles

Après son école de cinéma, Juraj Lehotsky a commencé à enquêter sur la cécité et à chercher les personnages de son film. Cinq ans de travail lui ont été nécessaires pour observer la façon de vivre de ses témoins, tous aveugles, essayer de les comprendre et de les mettre en scène pour le cinéma. Ce sont quatre histoires successives dont il dessine les grandes lignes du quotidien. Puis il les reprend, l’une après l’autre, pour compléter le tableau en montrant ce que sont devenus les personnages, quelques mois, voire quelques années plus tard.

Peter enseigne la musique à des enfants malvoyants, pendant que sa femme tricote des chandails. Daniel Miro aime Monika; leur amour contrarie fortement les parents de la jeune femme, non pas à cause de leur handicap, mais parce que Daniel est gitan. Elena et Laco attendent une enfant; leur bébé sera-t-il aveugle comme eux? Zuzka, enfin, est une jeune fille de 14 ans qui commence à s’intéresser à l’amour et espère le rencontrer en bavardant anonymement par l’intermédiaire d’internet.

Juraj Lehotsky a d’abord pensé à une fiction et cela se sent. Il manque à son documentaire une profondeur qu’il peut difficilement atteindre sans devenir voyeur. Son film est mélancolique, expose de petits faits, des détails à travers lesquels le public répertorie la difficulté d’une vie sans regard. Mais qu’apprend-il qu’il ne savait déjà? Pas grand-chose, sinon que lorsqu’on vit dans le noir, la nuit n’existe pas: il n’est jamais besoin d’allumer la lampe.