Critique
Ignacio Carrillo est un accordéoniste reconnu qui, durant toute sa vie, a sillonné le nord de la Colombie, transportant musique et chants traditionnels sur son instrument. Un accordéon légendaire, dit-on, parce qu’il aurait appartenu au diable (il est flanqué de deux cornes...) A la mort de sa femme, Ignacio décide d’aller le rendre à celui qui le lui avait donné, son ancien professeur et mentor. Il s’embarque donc sur son âne - accompagné d’un jeune garçon qui insiste pour le suivre (à pied!) - pour un dernier voyage. Un beau mais long (2 h) voyage, ponctué de concerts, de rencontres, d’incidents douloureux parfois. La caméra de Ciro Guerra, jeune cinéaste de 28 ans, suit patiemment Ignacio, homme taciturne s’il en est, et dont on ne saura que peu de choses. D’où une certaine lassitude qui peut s’installer chez le spectateur, malgré les évidentes qualités d’ordre esthétique du film. Le cinéma colombien est assez rare pour qu’on en signale toutefois l’existence, même si ce long métrage n’est pas totalement abouti.
Antoine Rochat