Critique
A la fin des années 50, les Italiens du sud de la péninsule et de Sicile affluent dans les grandes villes industrielles du nord en plein essor, en particulier Turin. Giovanni (Enrico Lo Verso) est l'un d'eux. Il doit y retrouver son jeune frère, Pietro (Francesco Giuffrida), censé y faire des études. L'amour de Giovanni pour ce frère cadet, ainsi que l'espérance qu'il place en lui (lui-même est analphabète), étouffent ce dernier, l'emprisonnent, et ne peuvent conduire qu'à une tragédie sur laquelle Giovanni reste aveugle jusqu'à la fin, incapable de comprendre les aspirations de Pietro.
Pour rendre compte de la relation complexe entre les deux frères, ainsi que de la différence culturelle entre ces gens du sud et ceux du nord, de leur inadaptation, de l'atmosphère de l'Italie de cette époque, Amelio fait montre d'une grande maîtrise récompensée par le Lion d'Or du Festival de Venise 98.
Mais cela donne un film triste, sombre, vide de tout espoir, sans joie, pesant, dans lequel le déracinement des personnages ne fait que rendre plus pathétique un drame qu'ils portent de toute façon en eux.
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