Critique
Policier roumain un peu rebelle, Cristi hésite à arrêter un jeune soupçonné d’offrir du haschisch à deux camarades de lycée. Il estime que la peine liée à une telle infraction est trop lourde (3 à 7 ans de réclusion) et ne veut pas gâcher l’existence d’un adolescent.
Le film (très cadré et maîtrisé) de Corneliu Porumboiu aborde la question complexe de l’application (ou non) de la loi: où se situe la véritable justice? Un problème décrit au travers du travail du policier, des longues et mornes filatures qu’il doit mener tout seul, des difficultés de procédure et de collaboration avec les autres collègues. A travers aussi les propos qu’il échange avec sa femme sur le pouvoir et le sens des mots. Le cinéaste fait un peu traîner les affaires: ce n’est qu’au bout d’une heure et demie qu’on arrive enfin au cœur du problème - la signification véritable de termes comme «morale», «loi» et «conscience» -, avec un (excellent) duel oratoire entre Cristi et son supérieur. Description réaliste et petit coup de projecteur sur la société roumaine d’aujourd’hui, POLICIER, ADJECTIF propose un final morose et décevant: un piège - celui du flagrant délit - sera tendu par la bureaucratie policière aux amateurs de joints…
Antoine Rochat
