Critique
Tout va bien pour Grégoire: sa femme l’aime, ses trois filles sont adorables, son métier - il est producteur de films - le passionne. Mais voilà, les temps changent: trop de films produits, trop de risques, trop de dettes. C’est le stress, les soucis d’argent, le burn-out et le geste fatal…
La première partie du film est bavarde et donne la part belle aux téléphones portables et à l’agitation: le stress envahit Grégoire. Après la disparition du père, le film gagne en profondeur et l’histoire se recentre: chacun doit faire son deuil, réapprendre à vivre, la mère décidant de poursuivre le travail du père. Dans la description de ces moments difficiles de la vie familiale, la cinéaste réussit à éviter tout dérapage, toute forme de sensiblerie. L’émotion se transmet par des interprètes qui jouent juste - les enfants tout particulièrement -, par des dialogues qui se situent à l’exact niveau requis, par une mise en scène toute de retenue et parfaitement maîtrisée.
On se rappelle, il y a quelques années, le suicide du producteur français Humbert Balsan: Mia Hansen-Love dit l’avoir connu et s’être inspirée de ce drame. LE PERE DE MES ENFANTS devient le récit discret et émouvant d’une tranche de vie, celle d’une famille qui doit composer avec un destin tragique et rester debout.
Antoine Rochat