Critique
Une journée dans une famille campagnarde, au sud du Chili. A quatre reprises, la caméra discrète du cinéaste chilien Almendras accompagne chacun des protagonistes: la grand-mère qui s’en va vendre ses fromages au bord de la route, marchandant gentiment les prix avec de riches automobilistes; la fille qui travaille comme bonne à tout faire dans une hacienda pour touristes; le garçon de 10 ans qui va à l’école, lorgnant les consoles de jeux de camarades fortunés qui le renvoient sans ménagement garder ses vaches; le grand-père qui s’active encore aux champs, enfonçant des pieux dans les terrains arides d’un lointain propriétaire.
HUACHO, à mi-chemin entre la fiction et le documentaire (les comédiens sont tous non professionnels), sait éviter les difficultés du genre: pas d’appel du pied, pas de pittoresque non plus dans l’utilisation des décors et des paysages, pas de théories sociales. Huacho désigne dans la région - c’est le dossier qui le dit - tout ce qui est abandonné, mais le film, bien maîtrisé, ne tombe jamais dans le misérabilisme ou le militantisme. Les personnages vivent debout, tiennent le coup face à une forme de mondialisation que l’on sent toute proche. Le modernisme est déjà là: la télé, après une panne de courant - la facture n’a pas été payée - se rallumera toute seule. La vie continue…
Antoine Rochat