Herbes folles (Les)

Affiche Herbes folles (Les)
Réalisé par Alain Resnais
Pays de production France, Italie
Année 2008
Durée
Musique Mark Snow
Genre Drame, Romance
Distributeur StudioCanal
Acteurs André Dussollier, Sabine Azéma, Mathieu Amalric, Emmanuelle Devos, Anne Consigny
Age légal 7 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 592
Bande annonce (Allociné)

Critique

Tirée d’un roman de Christian Gailly, l’histoire est narrée par la voix off d’Edouard Baer et illustrée par Sabine Azéma (telle qu’en elle-même...), André Dussollier (fidèle à lui-même), Anne Consigny, Emmanuelle Devos et Mathieu Amalric (assez poilant en flic de quartier se prenant pour un détective) notamment. Un beau plateau sur lequel Annie Cordy fait même une apparition. Le sac de Marguerite Muir, dentiste tête en l’air et amatrice de petite aviation, est volé à la tire, vidé, et le portefeuille est trouvé dans un parking souterrain par Georges Palet, atrabilaire au passé mystérieux. Il s’ensuit toute une série de péripéties improbables, commentées par des soliloques incrustés dans l’image. Tout est dans les points de suspension, les idées et situations esquissées, imaginées, réalisées. C’est dire que l’on sourit beaucoup dans un film qu’un cinéaste comme Resnais, qui n’a plus rien à prouver et qui a été couronné à juste titre d’un prix exceptionnel, pouvait s’offrir comme un divertissement primesautier et raffiné.



Daniel Grivel





Cinquante ans après la sortie de HIROSHIMA MON AMOUR, Alain Resnais raconte l’étrange rencontre d’un homme, Georges Palet (André Dussollier), au passé mystérieux et aux comportements extravagants, et d’une femme, Marguerite Muir (Sabine Azéma), dentiste dont la passion est de piloter un petit avion. Resnais s’est inspiré d’un roman de Christian Gailly pour épier les herbes folles de l’inconscient qui font faire aux gens des choses inattendues, fantasques et déraisonnables. Marguerite se fait dérober son sac. Georges trouve le portefeuille de Marguerite dans le parking d’un supermarché. Il se met à fantasmer une idylle avec sa propriétaire avant même de l’avoir rencontrée. Une façon pour lui d’échapper au malaise de son couple. Mais le fantasme tourne au délire. Il se met à épier Marguerite, à rôder autour de chez elle, à l’inonder de lettres, à éventrer les pneus de sa voiture. Après l’avoir poliment éconduit, Marguerite se voit obligée de faire intervenir la police. La rencontre prend des allures surréalistes. On glisse imperceptiblement dans le rêve avec un baiser hollywoodien sur fond de générique de la Century Fox, puis une balade en avion qui tourne à de la haute-voltige - une façon de s’envoyer en l’air pour Georges? -, avant que l’aéroplane disparaisse en piqué derrière une colline boisée.

Le film prend sans arrêt le spectateur à contre-pied. Vieux complice d’Alain Resnais, André Dussollier campe un formidable rêveur revêche, plein de colère rentrée, de mélancolie et de désirs secrets. Sabine Azéma est son double, pétillant et déjanté. Mathieu Amalric en flic improbable apporte sa note délirante. Alain Resnais, 86 ans, a adopté une liberté de ton qui surprend souvent le spectateur et le désarçonne juste ce qu’il faut pour le relier à ses propres pulsions et ses rêves secrets. Le film est servi par une réalisation élégante.



Nicole Métral

Ancien membre