Epine dans le cœur (L')

On attendait avec curiosité L’EPINE DANS LE CŒUR, documentaire réalisé par Michel Gondry, cinéaste éclectique et touche-à-tout - d’autres diront farfelu (SOYEZ SYMPAS, REMBOBINEZ!, 2008). Que pourrait-il bien raconter de sa tante Suzette (83 ans), institutrice pendant plus de 30 ans dans des classes cévenoles?

Tout en l’accompagnant dans les villages où elle a enseigné, tout en filmant les habitants qu’elle a côtoyés et en allant jusqu’à recréer parfois les événements qu’elle a vécus, Michel Gondry use très vite de digressions souvent fantaisistes. Utilisant aussi les films super-8 de la famille, il propose une sorte de patchwork dynamique et souvent décalé de ce retour sur le passé.

Mais il y a plus: «Quand j’ai vu les tensions qui régnaient entre son fils Jean-Yves et elle, j’ai décidé de centrer le film sur leurs rapports», explique le réalisateur. Surgit alors une analyse souvent émouvante d’une relation mère-fils difficile, de tout un vécu dont les deux n’avaient presque jamais parlé. L’EPINE DANS LE CŒUR se resserre alors sur les non-dits familiaux (homosexualité tardivement révélée de Jean-Yves, mort d’un père taciturne). Dans le drame qu’il découvre ainsi, Michel Gondry joue discrètement le modérateur. Sinon le psychothérapeute, le film permettant aux confidences de s’exprimer et aux contacts de se renouer.