Critique
Mimi, femme fière et amoureuse, tente de gérer sa solitude, ses désirs et sa culpabilité. Dans son sixième film, Souleymane Cissé brosse un tableau haut en couleur de la bourgeoisie malienne, celle des beaux quartiers de Bamako, celle des belles voitures et des téléphones portables. Issa, Nassoum, Abba et les autres - toutes et tous exercent des professions libérales (femmes avocates, médecins) - vont donner leurs points de vue, provoquant trouble et hésitation chez Mimi…
Souleymane Cissé met face à face le fonctionnement d’un couple malien d’aujourd’hui et les traditions anciennes qui perdurent. Il parle du désir d’émancipation des femmes, il aborde, avec un regard critique et parfois amusé, le problème d’une polygamie bien ancrée dans la société, une coutume qui heurte la forte personnalité de Mimi, femme qui se voudrait indépendante.
Le spectateur occidental ne se sent pas toujours concerné par les longues discussions des différents personnages. On cause beaucoup… Reste un film intéressant, un peu lent mais très bien conduit, baignant dans de superbes chants africains. «Le sens profond de ce film, dit Souleymane Cissé, est d’ouvrir le débat non seulement sur cette pratique de la polygamie, mais aussi sur le rôle des élites africaines. Or les gens les plus instruits de la société malienne sont les plus polygames…»
Antoine Rochat
