Mais qui donc a accroché à sa fenêtre une banderole noire sur laquelle est inscrit «Homme seul» en grosses lettres? S’agit-il d’un appel au secours, d’une petite annonce originale ou d’un gag? Il y a de quoi intriguer les employés du bureau d’en face mais pas de quoi tenir les foules en haleine, malgré une distribution faisant défiler devant la caméra une brochette impressionnante d’acteurs français qui font un petit tour et puis s’en vont, comme Catherine Deneuve en cliente un peu perdue d’un magasin de bricolage ou Michael Lonsdale cherchant à acheter un paillasson.
Visiblement attaché à Versailles, cette banlieue chic de Paris, le réalisateur Bruno Podalydès empile les saynètes et les sketches, certains savoureux, d’autres carrément déjantés, sans qu’on puisse vraiment s’attacher aux personnages qui se croisent pendant presque deux heures mais manquent singulièrement d’épaisseur. On ne saura pas grand-chose d’eux, de leur vie. Le fil conducteur du film est ténu: du bureau, on passe au jardin public où se retrouvent certains
personnages, on y découvre deux compères malicieux, Claude Rich et Michel Aumont qui y partagent le verre de l’amitié et leurs petits soucis de santé en jouant au trictrac, et où Mathieu Amalric, gominé, joue les papas anxieux devant la poussette d’un nouveau-né. On finit par aller dans un magasin de bricolage pour assister à une série de gags qui ne font plus rire. Le spectateur a été largué en route.