Ne te retourne pas

Affiche Ne te retourne pas
Réalisé par Marina Van
Pays de production France
Année 2007
Durée
Musique Luc Rollinger
Genre Thriller
Distributeur Wild Bunch Distribution
Acteurs Brigitte Catillon, Monica Bellucci, Sophie Marceau, Thierry Neuvic, Andrea Di Stefano
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 595
Bande annonce (Allociné)

Critique

Jeune romancière, Jeanne (Sophie Marceau) s’étonne de constater que, jour après jour, tout se transforme autour d’elle: appartement, enfants, mari, tout l’environnement bascule vers l’inconnu, l’incompréhensible. Son propre visage se modifie, et finit par devenir autre. Rapidement résumée, l’histoire de NE TE RETOURNE PAS est celle d’une femme qui se découvre peu à peu investie par une autre personne, une étrangère (Monica Bellucci) originaire de Lecce.

Le film joue d’abord sur l’angoisse de Jeanne, s’appuyant parfois sur des séquences qui flirtent avec le cinéma fantastique. L’intrigue, d’ordre familial, est compliquée: qui est véritablement Jeanne? Quel est son passé? Quel traumatisme a-t-elle vécu? Par qui est-elle ainsi remplacée? La cinéaste Marina De Van promène par le bout du nez le spectateur et s’amuse à brouiller les pistes. Les lourds secrets de l’enfance de Jeanne ne sont évoqués que parcimonieusement, et l’on peine à s’y retrouver, d’autant plus que bien des personnages (en particulier la «mère» de l’héroïne) se modifient aussi, qu’il y a échanges d’enfants, basculement d’identités et graves mensonges… L’idée de départ - ambitieuse - d’essayer de mettre en images le monde intérieur et le passé caché de Jeanne relève plutôt de la littérature (ou de la psychanalyse) que du cinéma. Nos émotions, c’est vrai, ne sont pas sans incidences sur nos visages, sur ceux de nos proches, sur nos propres gestes, mais la matérialisation proposée ici et la mise en images - le cinéma garde une très forte composante réaliste! - ne convainquent pas.

L’intrigue du film, artificielle construction de l’esprit, est pur exercice de style. Les clés qui seraient nécessaires à un décryptage ne sont pas fournies, et les indices font défaut. A trop s’aventurer dans l’inconscient et dans la psychologie des profondeurs, la cinéaste s’y perd. Et nous avec. Le casting féminin et tape-à-l’œil du film ne sauve rien, d’autant plus que les interprètes masculins ne font que de la figuration.

Dans la première séquence de NE TE RETOURNE PAS, l’éditeur de Jeanne - elle lui a présenté son premier roman autobiographique - lui fait remarquer en substance que son livre est médiocre parce qu’il est dépourvu de souvenirs d’enfance, de sensations et d’émotions personnelles. «Je n’en ai pas», avoue-t-elle. Malgré les tentatives de Jeanne de les retrouver, le film n’en a pas plus…

Antoine Rochat