Hérisson (Le)

Affiche Hérisson (Le)
Réalisé par Mona Achache
Pays de production France, Italie
Année 2009
Durée
Musique Gabriel Yared
Genre Comédie dramatique
Distributeur Pathé Distribution
Acteurs Josiane Balasko, Wladimir Yordanoff, Anne Brochet, Garance Le Guillermic, Togo Igawa
Age légal 10 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 595
Bande annonce (Allociné)

Critique

L’élégance du hérisson, de Muriel Barbery, publié par Gallimard en 2006, compte parmi les romans les mieux vendus de ces dernières années. Mona Achache en signe une adaptation cinématographique charmante. Beaucoup plus intelligente que les enfants de son âge, Paloma (Garance Le Guillermic) analyse froidement les travers de sa famille. Sa lucidité la conduit à envisager le suicide qu’elle prévoit pour le jour de ses 12 ans. Toutefois, il lui reste près de deux cents jours avant son anniversaire; deux cents jours qu’elle consacre à observer et commenter la vie des adultes, prenant soigneusement des notes par le biais de sa caméra vidéo et de ses dessins. Mais voilà qu’elle fait la connaissance d’un nouveau venu dans l’immeuble. Elle tente aussi une relation amicale avec la concierge (Josiane Balasko), dont le visage revêche cache bien des trésors, Paloma en est persuadée.

Le scénario se construit sur quelques antithèses, le silence et les bavardages, la pauvreté et la richesse, l’érudition et l’ignorance, la profondeur et la superficialité… Pas mal de clichés, en somme, de ceux qui nourrissent la vie ordinaire. Dans la très bourgeoise famille de Paloma, il y a beaucoup d’idées préconçues et très peu de bonheur. Et, dans l’immeuble cossu, on ne regarde guère ce qui se passe autour de soi, les liens entre copropriétaires étant tout au plus les chats qui s’échappent, un poisson rouge qui file à l’égout, un ascenseur souvent en panne. Seule Paloma garde l’œil sur tout et s’en nourrit pour justifier son désenchantement.

Ce qui, dans le roman, a touché la réalisatrice, c’est «l’absurdité des préjugés et la magie des rencontres inattendues». La terrible acuité du regard de l’enfance n’en laisse rien échapper. Dans le film, Paloma dessine (un peu trop bien pour son âge) et filme. Dans le livre, elle écrit son journal de bord. Entre l’évidence de l’image et la stimulation de l’imaginaire par le mot se joue un passage délicat. LE HERISSON pourrait sembler moins intéressant que son modèle romanesque. Heureusement, la jeune Garance Le Guillermic est excellente dans ses condamnations péremptoires et son affectivité frustrée.

LE HERISSON de Mona Achache apparaît un peu trop construit, un peu trop étudié, parfois esthétisant; ce sont peut-être les défauts d’une première œuvre. Par ailleurs, trouver une fin n’allait pas de soi et la solution laisse dubitatif. Mais pour le reste, ce film sur «l’élégance» de l’esprit est un encouragement à regarder de plus près ceux qu’on côtoie et à vivre, plutôt qu’à paraître. Josiane Balasko, excellente, trouve ici un personnage ô combien plus intéressant que les pitres auxquels elle nous avait habitués.

Geneviève Praplan