Critique
Le geste stupide d’un enfant dans une voiture et tout bascule: c’est l’accident et la mort de la mère. Joe (Colin Firth), le père, décide alors de quitter les Etats-Unis et de s’installer à Gênes avec ses deux filles, Kelly (16 ans) et Mary (9 ans). UN ETE ITALIEN est l’histoire d’un nouveau départ: Joe s’efforce de faire face, de créer une nouvelle relation forte avec ses enfants. Tous trois devront faire un deuil difficile.
Michael Winterbottom suit de près les trois protagonistes: le père, universitaire, doit s’occuper de ses filles et faire preuve à la fois d’autorité et de tendresse; Kelly va connaître ses premières amourettes d’adolescente; Mary lutte contre un sentiment de culpabilité évident (elle dort mal, a des cauchemars, elle croit reconnaître sa mère dans les rues de Gênes). Un quatrième personnage, Barbara (Catherine Keener), ancienne collègue d’études de Joe, apportera une aide précieuse à la famille, mais les enfants ne veulent pas entendre parler d’une autre maman.
Le sujet était, d’évidence, intéressant et difficile. Winterbottom a travaillé avec une petite équipe de tournage, privilégiant la spontanéité, le mouvement, mais laissant finalement l’essentiel de côté. Mary fugue à plusieurs reprises, dans les forêts qui bordent la plage, dans les rues de la ville, sur les traces du fantôme de sa mère qu’elle croit retrouver. Le père part chaque fois à sa recherche, et le cinéaste, dans un dynamisme incongru qui confond tension et agitation, traite toutes ces séquences caméra à l’épaule. Une technique qui convenait mieux aux films-reportages qu’il a tournés précédemment - IN THIS WORLD ou THE ROAD TO GUANTANAMO - qu’à une œuvre de fiction comme UN ETE ITALIEN, qui demandait plus de sensibilité. Il ne suffit pas de jouer sur l’ombre et la lumière des petites ruelles, de bien décrire les dédales de la vieille ville de Gênes - une très belle cité qui a manifestement séduit le réalisateur - pour retrouver le monde intérieur et l’intimité des personnages. Winterbottom ouvre des pistes (par moments celles d’un cinéma proche du fantastique), les abandonne, et paraît parfois oublier son sujet, réduisant son film à la description d’une tranche de vie qui - on le veut bien - laisse pressentir que celle-ci pourra reprendre et les cœurs se remettre à l’endroit…
Antoine Rochat