Critique
Hollandais installé en Afrique de l’Est et propriétaire d’un restaurant, Eduard semble avoir réalisé tous ses rêves. Mais le monde bascule lorsque sa femme meurt et que la situation politique du pays où il se trouve se dégrade. Un commando de rebelles enlève un jeune Noir, le meilleur ami de son fils, pour en faire un enfant-soldat. Eduard se lance à sa recherche.
Disposant d’un budget confortable, le cinéaste Jean Van De Velde (né au Congo belge en 1957) réalise un film qui se voudrait témoignage - raconter l’histoire tragique des enfants-soldats africains -, mais qui devient vite prétexte à un développement couru d’avance, ponctué de scènes-chocs et de gestes criminels jouant avec les nerfs du spectateur. A part une ou deux séquences (tournées dans un camp de réfugiés ougandais), le film ne réussit guère, sur ce sujet difficile, à trouver la bonne distance, à intégrer le «pourquoi» d’une telle horreur, ou le «comment» des efforts entrepris par les institutions internationales tentant de venir en aide aux populations. Seules quelques répliques (entre Eduard et une déléguée internationale, ou un journaliste français particulièrement cynique), quelques allusions tardives à un trafic d’armes (et d’or?) où l’Europe apparaît impliquée, sont à sauver, mais le forcing opéré vers l’insoutenable finit par stériliser toute émotion vraie, et toute réflexion bien sûr.
Antoine Rochat