Altiplano

Riche d’intentions et de pistes à suivre, ALTIPLANO est un film ambitieux: l’intrigue, construite sur des correspondances internes entre les personnages, portée par une musique intéressante et des tableaux empreints d’une beauté à vous couper le souffle, révélera peu à peu son intelligence et sa profondeur.

Suite à un événement tragique survenu en Irak, Grace, photographe de guerre, décide d’abandonner son métier. Elle rejoint son mari, Max, chirurgien belge spécialiste de la cataracte, qui travaille dans un dispensaire en pleine Cordillère des Andes, au Pérou. Une région où des villageois succombent à des maladies causées par des écoulements de mercure provenant des mines locales. Une jeune femme, Saturnina, perd son fiancé et les villageois déversent leur colère sur les médecins étrangers. Max sera tué, et les destinées des deux femmes vont dès lors se rapprocher.

ALTIPLANO, film fragmenté mais finalement très cohérent, est construit sur les notions de traumatisme et de mort, mais aussi sur celles de la (difficile) compréhension entre cultures et peuples différents. Confrontées à la disparition brutale de leurs conjoints, les deux femmes sont amenées à reconsidérer le sens de leurs vies.

Fiction éclatée sur plusieurs continents, mais fortement ancrée dans les hauts plateaux andins du Pérou, là où ont surgi récemment des conflits entre communautés villageoises et compagnies minières, ALTIPLANO rappelle aussi que les modalités occidentales d’appréhender les réalités d’autres régions du monde, par l’analyse rationnelle par exemple, ne sont pas toujours adéquates. Film très réussi, porté par d’excellents acteurs - et financé par des pays européens, il faut le souligner -, ALTIPLANO va dans le sens d’une réflexion sensible et actuelle sur la condition humaine.