Air Doll

En donnant vie à une poupée gonflable qu’un petit employé solitaire a prise comme compagne, Hirokazu Kore-eda mêle habilement fiction originale et description réaliste d’un quartier populaire de Tokyo.

La métaphore d’un objet qui prend vie tend un miroir aux questions d’êtres humains découvrant leur vacuité. A travers ce chassé-croisé, le réalisateur, décodeur subtil de la société japonaise (After Life, Nobody knows, Still Walking…) touche à des thèmes essentiels (solitude, amour, sexualité, vieillissement, mort) et donne une dimension métaphysique à des personnages ordinaires. On peut toutefois regretter qu’il étire avec insistance les scènes de silicone qui se gonflent et se dégonflent à n’en plus finir: cela émousse l’effet d’une métaphore finissant par se ratatiner, comme les poupées - ersatz de relations, qui finissent à la poubelle.

Kore-eda a tourné ce conte moral dans l’un des derniers quartiers historiques de la ville, épargné par la guerre, mais aujourd’hui voué à la démolition. Une caméra attentive caresse paysages urbains et personnages avec infiniment de douceur et de tendresse, au rythme ample et lent d’une respiration, dont le souffle donne le ton à ce film.