Liens de sang

Affiche Liens de sang
Réalisé par Fabienne Abramovich
Pays de production
Genre
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 7 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 591

Critique

La cinéaste genevoise Fabienne Abramovich s’est proposé - cela tient un peu de la gageure - de suivre pendant trois ans quelques étapes importantes de la vie de quatre familles habitant la «Cité des Schtroumpfs» dans le quartier des Grottes, à Genève. Accompagnée de sa caméra numérique, la réalisatrice a su se faire admettre dans chacun de ces quatre foyers, partageant - à (bonne) distance et sans commentaires - divers événements de la vie familiale. On parle épreuves et joies de l’existence, éducation des enfants. La grande affaire, chez les uns, ce sont les devoirs scolaires, d’autant que deux cultures cohabitent, le père étant musulman et la mère catholique. Chez d’autres, c’est une naissance qui égaie la famille, mais l’absence du père (décédé) porte une ombre au tableau. Dans un troisième foyer l’opposition mère-fils est poussée au paroxysme. Ailleurs enfin, c’est la grand-maman qu’il faut désormais entourer d’affection et accompagner vers la mort.

Le film démarre, sans indication aucune, sur de violentes disputes verbales, des conflits d’autorité entre parents et enfants (à une ou deux exceptions près, le monde est essentiellement féminin). Au premier abord sans structure apparente, LIENS DE SANG prendra corps au bout d’un moment, le spectateur se surprenant alors à s’attacher à des personnages qu’il commence à connaître et dont il découvre le vécu et la complexité. Portant un regard plein d’empathie sur les quatre familles qu’elle a choisies - on sent un rapport de confiance total entre les protagonistes -, Fabienne Abramovich manifeste un profond respect pour chacun. Il n’y a pas de voyeurisme dans ce petit film tendre et humaniste décrivant, au fil des saisons, l’intimité de quatre microcosmes familiaux. La construction s’échafaude en alternance, à la manière d’un puzzle. Les tableaux sont précis, la technique sûre. Reste peut-être un sentiment d’inachevé dans l’absence d’un véritable point de vue - sans doute est-ce voulu et lié au choix d’une discrétion recherchée.

Antoine Rochat