Villa Amalia

Affiche Villa Amalia
Réalisé par Benoît Jacquot
Pays de production France
Année 2008
Durée
Genre Drame
Distributeur EuropaCorp Distribution
Acteurs Isabelle Huppert, Xavier Beauvois, Jean-Hugues Anglade, Maya Sansa, Clara Bindi
Age légal 10 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 590
Bande annonce (Allociné)

Critique

Il y avait le livre de Pascal Quignard, voici le film de Benoît Jacquot. Dans le dossier de presse, le réalisateur Bertrand Tavernier (DANS LA BRUME ELECTRIQUE, actuellement sur les écrans), parlant avec le réalisateur et sa principale actrice, Isabelle Huppert, évoque le ressenti et se demande s’il est possible de «déterminer, esquisser, séparer ce que l’on croit ressentir et ce qu’il faut comprendre». La question apparaît comme fondamentale quand l’écran replonge dans le noir, que la dernière image de mer s’estompe dans le souvenir. VILLA AMALIA donne tout à sentir, mais ne lui aurait-il pas fallu quelque idée forte en guise d’ossature?

Lorsque Ann (Isabelle Huppert) découvre que Thomas (Xavier Beauvois), avec qui elle vit depuis quinze ans, la trompe, elle est profondément bouleversée. Cet instant est percuté par un autre événement: elle retrouve Georges (Jean-Hugues Anglade), un ami d’enfance. Ann décide alors de tout abandonner: l’homme qu’elle aime, la musique dont elle vit, son appartement, sa voiture… Elle se perd sur les routes, toujours plus au sud, jusqu’à découvrir la villa Amalia…

Si l’on cherche une analyse de caractère dans le nouveau film de Benoît Jacquot, on restera sur sa faim. Il faut oublier les ellipses qui aident à faire passer les quelques impasses, les quelques lourdeurs, les quelques facilités du scénario, oublier aussi l’absence de structure qui lui aurait donné la force douloureuse dont il manque. Car c’est une œuvre impressionniste que ce VILLA AMALIA, une aquarelle plutôt qu’une peinture à l’huile. On peut alors se contenter de plans très beaux, d’images soigneusement construites et enchaînées, de cinéma en somme, plus que de littérature.

Isabelle Huppert y fait merveille. D’abord si pareille à elle-même qu’on croit, une fois de plus, la voir jouer son propre personnage. Mais non! Et c’est là que le réalisateur français réussit son coup, la transformant, l’illuminant au fur et à mesure qu’elle se retrouve elle-même. Par une direction magistrale, il pousse Ann/Isabelle à chercher autre chose, puis à se fondre dans l’aridité du paysage qui va lui apporter la paix. La paix par le dépouillement, la pureté, l’apesanteur… Beau symbole pour notre temps!

Geneviève Praplan