Au loin des villages

En avril 2006, plus de dix mille personnes de l’ethnie Dajo se réfugient dans la plaine de Gouroukoun, à l’est du Tchad. Tous sont des survivants de la guerre du Darfour. Ils y construisent un camp, s’y enferment et s’y inventent une survie.

Le réalisateur s’est enfermé à son tour dans cette prison sans murs. Des images patientes racontent l’interminable temps de l’attente. Une vie au ralenti qui s’égrène, comme suspendue dans le dénuement. Des réfugiés prennent longuement la parole, des enfants dessinent des batailles, des fillettes fredonnent des chansons guerrières… C’est quelque part un film de guerre, mais sans aucune image de guerre.

Louable intention que celle d’Olivier Zuchuat de dénoncer une tragédie qui n’en finit pas d’ensanglanter et d’affamer cette partie de l’Afrique et de le faire en s’immergeant lui-même au sein de ce conflit. Alors qui cela intéressera-t-il? Cette longue suite de plans fixes, ces palabres interminables, ces visages tragiquement résignés finissent par susciter une lassitude qui dessert en fin de compte une cause pourtant hautement défendable. A tristement s’éterniser, le conflit du Darfour sombre peu à peu dans l’oubli.