Critique
Kim Sang-hun est un jeune homme inquiétant, toujours en colère. La violence (verbale et physique) fait partie de lui-même. Depuis qu’il en a été victime (comme enfant), elle est devenue son seul moyen d’expression. A 25 ans, son métier est de contraindre par la force les mauvais payeurs d’une grande ville sud-coréenne de s’acquitter de leurs dettes. Le chemin de Kim va croiser celui de Han Yeon-heui, lycéenne au caractère bien trempé, qui a aussi connu la violence familiale. Il en tombera amoureux et réussira tardivement à donner libre cours, un tant soit peu, à sa sensibilité intérieure.
Le film est très dur - et c’est encore une litote. Le réalisateur-interprète Yang Ik-june tente d’expliquer la violence de ses héros par les tragédies familiales qu’ils ont vécues antérieurement. Sans toujours convaincre. A l’exception de Han Yeon-heui et de deux ou trois autres personnages, tout ce monde est d’ailleurs si cruel et si antipathique qu’il devient très difficile d’adhérer au propos. «La génération de nos parents, tente d’expliquer le réalisateur, a connu la guerre civile. La tristesse de l’Histoire est donc gravée en nous, comme une violence intérieure, et ces blessures sont très dures à cicatriser.»
Antoine Rochat