Critique
Jeanne (Emilie Dequenne) vit dans un pavillon de banlieue avec sa mère Louise (Catherine Deneuve). Les deux femmes s’entendent bien. Louise gagne sa vie en gardant des enfants. Jeanne, sans trop de conviction, cherche un emploi.
Un jour, en lisant une annonce sur le net, Louise croit que le destin frappe à sa porte. Elle nourrit l’espoir de faire engager sa fille dans l’étude de Samuel Bleistein (Michel Blanc), avocat de renom qui la courtisait dans sa jeunesse. Il n’engage pas Jeanne mais sera amené à l’aider parce qu’elle a menti en simulant une agression.
Le fait divers à l’origine du film est l’affabulation d’une jeune femme qui prétendait avoir été attaquée dans le RER parisien en 2004. Amplifiée par les médias, cette prétendue agression à caractère antisémite avait bouleversé la France entière.
Ceux qui ont aimé les films d’André Téchiné pour leur sensibilité, la justesse de ton et la démarche originale resteront sur leur faim. Le scénario, à la fois alambiqué et inconsistant, ébauche plusieurs pistes sans arriver à capter l’intérêt du spectateur. Il exploite des thèmes à la mode pour essayer d’émouvoir: l’adolescent piégé entre ses parents déchirés, le couple réconcilié autour d’une bar-mitsva, les jeunes mollement en recherche d’emploi, l’antisémitisme, la mythomanie, l’amplification médiatique des faits divers. Le savoir-faire et la technique efficace de Téchiné ne suffisent pas à masquer les insuffisances d’un scénario abusant de clichés.
Malgré d’excellents acteurs, les personnages manquent d’épaisseur et de crédibilité. Le film ne contribue guère à faire comprendre les motivations de la jeune affabulatrice. Le RER continue sa course, Jeanne poursuit son errance en roller et le spectateur reste à quai.
Anne-Béatrice Schwab