Bellamy

Affiche Bellamy
Réalisé par Claude Chabrol
Pays de production France
Année 2009
Durée
Musique Matthieu Chabrol
Genre Policier, Drame, Thriller
Distributeur jmhdistributions
Acteurs Gérard Depardieu, Jacques Gamblin, Clovis Cornillac, Vahina Giocante, Marie Bunel
Age légal 10 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 585
Bande annonce (Allociné)

Critique

Avec ce policier plein de surprises, Claude Chabrol donne à Gérard Depardieu un rôle tout en nuances, à la hauteur de son talent.

Claude Chabrol n’a jamais dirigé Gérard Depardieu, mais on peut dire que la rencontre tardive entre les deux hommes est une réussite. Le talent et l’expérience du premier dominent de bout en bout les excès dont le second nous a rendus coutumier. Il en fait un personnage au psychisme fragile, sensible, toujours en proie au doute. C’est un rôle en or pour le comédien, proche des moments de génie dont il a tout de même fait preuve, par exemple, dans Quand j'étais chanteur (2006) de Xavier Giannoli, ou le magnifique Cyrano de Bergerac (1990) de Jean-Paul Rappeneau. Mais voyons ce nouveau film, délicat tricotage d’affaire policière et d’histoire de famille, dans lesquelles les caractères se reflètent en miroir, tant il est vrai que les faiblesses de la nature humaine finissent toujours par se ressembler.

Le célèbre commissaire Bellamy (Gérard De-pardieu) passe un mois de vacances avec sa femme (Marie Bunel), dans la maison que celle-ci possède dans le sud de la France. Depuis deux ou trois jours, un homme (Jacques Gamblin, excellent) rôde autour de la maison. Il finit par appeler le commissaire et lui fixe un rendez-vous dans un motel: il aurait tué un homme. En même temps, le frère (Clovis Cornillac) du commissaire arrive à la maison pour profiter lui aussi des vacances. Alcoolique et bon à rien, il ne fait que compliquer la vie du couple, tandis que le commissaire se laisse tenter par l’enquête qu’on lui offre sur un plateau.

Rien n’est simple dans ce scénario que Chabrol écrit (avec Odile Barski) scrupuleusement. Mais rien n’y est laissé au hasard. A peine se demande-t-on pourquoi telle action, tel dialogue… que le plan suivant en démontre l’utilité. La finesse et le doigté du récit s’allient à une mise en scène efficace et généreuse, un vrai plaisir pour les yeux. Le réalisateur français, 80 ans l’année prochaine, s’éloigne ici de ses dernières œuvres, à la fois discutables et répétitives, pour signer un petit bijou du répertoire policier. Tout y glisse ou s’y imbrique avec la souplesse et la conviction d’un geste spontané.

Quant au fond de l’histoire, il va bien au-delà du classique trio que sont l’argent, la passion amoureuse et le crime. Car un comportement n’est jamais purement guidé par la seule impulsion du moment. Plus intimement se tissent des liens étroits, secrets mais déterminants, qu’il s’agit de faire émerger pour comprendre une situation. Chabrol et le policier Depardieu se révèlent excellents dans cet exercice. Non seulement Bellamy est un film suffisamment complexe pour tenir en haleine, mais encore prouve-t-il une fois de plus la maestria de Chabrol, quand il s’agit d’étoffer la comédie humaine de personnages de son cru.

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 15
Georges Blanc 14
Daniel Grivel 16
Antoine Rochat 12
Anne-Béatrice Schwab 16
Maurice Terrail 13