Un barrage contre le Pacifique

Affiche Un barrage contre le Pacifique
Réalisé par Rithy Panh
Pays de production France, Belgique, Cambodge
Année 2007
Durée
Musique Marc Marder
Genre Drame
Distributeur Diaphana Films
Acteurs Isabelle Huppert, Gaspard Ulliel, Astrid Bergès-Frisbey, Randal Douc, Duong Vanthon
Age légal 12 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 584
Bande annonce (Allociné)

Critique

Né en 1964 au Cambodge et rescapé des camps de la mort des Khmers rouges, Rithy Panh n’a eu de cesse de montrer la tragédie de son pays à travers quelques fictions et de nombreux documentaires, tels le terrifiant S 21, LA MACHINE DE GUERRE KHMERE ROUGE. En réalisant UN BARRAGE CONTRE LE PACIFIQUE, il adapte très librement le roman éponyme de Marguerite Duras paru en 1950. Ce roman, en partie autobiographique, exprime avec force les engagements anticolonialistes de son auteure. Une sensibilité commune donc face à la souffrance et à la guerre dans cette description sans concession du système colonial en Indochine en 1931.

Dans un huis clos familial oppressant et délétère, une mère, flouée par des administrateurs coloniaux corrompus, tente de sauver sa rizière inondée, donc incultivable. Avec l’aide de paysans du village, elle entreprend de construire un barrage contre l’océan.

Rompue, ruinée, obsédée par son projet fou, elle tente désespérément de retenir dans ses filets son fils de 20 ans, Joseph et la jolie Suzanne, sa fille de 16 ans. Cette dernière s’éveille à la sensualité et découvre le pouvoir de séduction qu’elle exerce sur les hommes, en particulier sur M. Jo, le fils d’un commerçant chinois richissime.

Dans le combat perdu d’avance de ces petits blancs, le barrage s’inscrit comme le symbole de la résistance. Résistance à la nature, à un système corrompu et corrupteur, à l’échec d’une vie, d’un idéal.

Dans ce film de l’humiliation et de la colère, l’atmosphère moite et lourde transpire d’Isabelle Huppert par tous les pores. Elle excelle dans ce rôle de femme seule, abandonnée, possessive et obstinée au-delà de l’entendement. Malgré un idéal de partage, elle-même use de violence, prête à vendre sa fille pour sauver son projet.

A part quelques scènes lumineuses et apaisées de bains de mer, l’atmosphère tourmentée distille le malaise face à un système colonial cruel, inique et destructeur. Dans une logique d’exploitation, la machine broie le destin des petits blancs et surtout des paysans, spoliés de leur terre, de leur vie.

Anne-Béatrice Schwab