Critique
En 1944, le détournement du plan Walkyrie par le colonel Von Stauffenberg (Tom Cruise) et l’explosif que ce dernier place sous une table de conférence à laquelle ont pris place Hitler, Himmler et Mussolini, manquent de renverser le gouvernement national-socialiste de Berlin. Le Führer survit. Les conspirateurs, tous issus de la Wehrmacht, sont exécutés. C’est ce complot que raconte Brian Singer, épisode sinon méconnu, du moins masqué par l’indispensable condamnation du régime hitlérien.
Sans doute est-il bon de rappeler que, sous le Troisième Reich, tous les Allemands ne furent pas nazis, que la résistance était organisée. Mais cette mission ne convient pas à Brian Singer qui tourne son film de façon académique et linéaire, mettant de gros moyens à la disposition d’un spectacle (tourné en anglais!) au lieu de se concentrer sur les enjeux. Film policier plutôt que film de guerre, VALKYRIE ne s’embarrasse pas des tourments vécus par des officiers, témoins d’horreurs inacceptables perpétrées par le gouvernement du pays qu’ils servent sous serment. Ni des bouleversements de leur conscience lorsqu’ils décident, pour sauver la patrie, de trahir l’Etat. Joué sans inspiration par Tom Cruise, le film de Brian Singer passe à côté de l’essentiel. Dépourvu de souffle et de grandeur, il reste au sol comme un cerf-volant cassé.
Geneviève Praplan